Zizou ou l’imbattable Pari…

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Enfin le film de notre cher ami_cinéaste tunisien a gagné tous les paris en projetant son avant-première à travers trois visions_ séances, archipleines et bondées, au Cinévog du Kram, il est enfin sur tous les écrans des salles de cinéma de Tunis, en drainant une foule immense, un public assoiffé d’art et de culture, venu admirer et juger le dernier né de la trilogie captivante de Férid Boughedir, à la triple vocation de réalisateur, critique et historien du cinéma, à l’instar des réalisateurs de la Nouvelle vague , de l’âge d’or du cinéma pasolinien et fellinien..

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Tout en effet s’y apprête :la superposition des cadres, la complexité et le naturel déconcertant des personnages, le délire grotesque et chaplinesque de certaines scènes et attitudes des personnages filmés sous leur aspect le plus spontané et naturel, des oiseaux en détresse « politique » plus terrassés qu’en terrasse-déniant l’avis de certaines personnes impétueuses qui y voient un remake total de « Asfour Stah »-certes, des personnages qui ont grandi et mûri ; comme c’est pareil pour le personnage de Doinel chez Truffaut qui évolue au fil des trames de ses futurs films, passant de l’adolescence à l’âge adulte avec pour fond de décor la révolution Tunisienne, qui bouleverse les esprits et les mœurs.

Si une certaine lenteur sévit au début du film, on est tenus en haleine par la dernière demi-heure de projection où les scènes vraies, car dument vécues par nous tous comme un témoignage troublant et poignant, nous replongent dans les remous d’une révolution ravageuse, évoquée sans fioritures ni fracas ni extrapolation par un metteur en scène lucide qui scrute la rue populaire, les gens et leurs manies, le quotidien parfois sordide et ses vicissitudes.

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Décrivant singulièrement l’individu au sein de la collectivité , le metteur en scène contourne les clichés et les schémas classiques d’une carapace meurtrière et d’une carcasse genre new wave pour nous entraîner vers les méandres et la douce velouté d’une existence ou d’une histoire à la fois simple et tourmentée, exemptée d’un archétype de violences, où s’y mêlent étrangement le tendre et le dur à cuire contemporains, à travers le regard naïf, courroucé et amusé d’un jeune ingénu, candide sorti tout droit des tragi-comédies Cornéliennes, dont on suit avec intérêt croissant le parcours insolite et révélateur.

Le film s’ouvre sur une parcelle du globe écaillée et desséchée, un jeune homme longiligne, l’air sorti de nulle part dans son « no man’s land » tenant une valise étrusque à la main et couvert d’un chapeau de paille à la tête se tient au beau milieu de l’image. Il se révèle être nanti d’un baccalauréat plus deux, ayant arrêté ses études de géologie pour s’embarquer vers l’ultime destination : La capitale, Tunis !

Malheureusement, nous sommes à la fin de l’année 2010 et la période n’est pas propice aux bonnes rencontres. Il lie pourtant connaissance, à travers mille et une péripéties et nouvelles connaissances, avec la Tunisianité tunisifiée, frayant avec toutes les sociétés et les milieux, je dis bien authentiques et réels car on est loin des stéréotypes guindés et inventés, de la superposition de couches sociales diverses qui s’étend du Souk Moncef Bey et des Oukalas de Tunis jusqu’à la Bourgeoisie corrompue et nouvellement enrichie de la banlieue nord de Tunis, chic et symbolique, du magnifico village de Sidi-Bou-Saïd, saint des saints, qui conjugue les couleurs du jour et les nuances du bleu avec les lueurs du minaret de la mosquée et de la terrasse surplombant les patios des anciennes demeures.

Une jeune fille y vit séquestrée, à l’image de cette Tunisie du moment qui essaye de se dégager de son enfermement, de son emprisonnement, happée par le regard scrutateur et en perpétuel déplacement du courageux ingénu, Zizou alias Aziz, cher à nos cœurs ardents de cinéphiles. Chers amis, je ne vous en dirais pas plus, courrez- voir ce film brûlant d’actualité transformée en interrogation perplexe et investi d’une mission investigatrice : retrouverons-nous notre Tunisie sublime, belle et valeureuse ? Chapeau à Férid Boughedir de nous transmettre ce dernier message..

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