L’inoubliable auteur de « Nedjma » , el nedjma el kotbia qui a longtemps bercé les douces nuits de mon adolescence, un auteur utopiste que je découvrais à travers un titre poétique, sur les bancs du lycée, et bien après aux cours de littérature Francophone à ParisIV-Sorbonne !
Hélas, il avait déjà disparu en 1989, à l’âge de soixante-ans, quand je commençais à m’intéresser de près à son œuvre prolifique .Théâtre et récits dérangent au point de confondre son « Polygone étoilé » avec le maktoub d’une étoile lumineuse qui s’est consumée trop vite, très tôt, nous laissant en plein désarroi sur le devenir de la littérature Maghrébine…
Que dire sur cet être exceptionnel ?Qu’il écrivait guidé par son instinct et son destin l’histoire humaine, universelle, précisément Algérienne, sienne, et aussi la nôtre… Sa vie fut marquée par les affrontements violents du 8 mai 1945 qui rendirent sa mère folle et par sa rencontre à l’âge de dix-sept ans avec sa cousine « Nedjma », déjà mariée à un illustre inconnu et avec laquelle il vivra pendant quelques mois une brève aventure.
C’est assez rapidement qu’il accéda à la consécration littéraire. Il publia ainsi divers articles polémiques « engagés » au Mercure de France et aux Lettres Françaises, il devient journaliste pour Alger Républicain .A partir des années cinquante, il voyagea beaucoup dans le monde entier, se conformant à la fameuse devise du savant-alchimiste Zénon : «ON ne peut pas mourir sans avoir fait le tour de sa prison».Ainsi, il s’installa partout et nulle part, appliquant le théorème de Yves Navarre : « Ne vous en faites pas, je ne serais jamais chez moi, nulle part.. », cet ailleurs étrange qui est aussi spécifique à l’Homme aux semelles de vent, Arthur Rimbaud…
Vivant de petits métiers divers en Europe, en ex-URSS et en Egypte, Kateb donne à l’Algérie une palette de ses plus beaux romans, à la fois thématique et métaphorique. Après avoir effectué un long séjour au Viêt-Nam en 1967, il n’écrit plus que du théâtre en langue française d’abord, puis sa pièce à succès :L’Homme aux sandales de caoutchouc est traduite en arabe, publiée et représentée en 1970.Cette même année, fait inédit :il s’établit en Algérie et parcourt pendant cinq années le pays avec la troupe de la Mer de Bab El –Oued, livrant ses représentations au public de son choix composé exclusivement d’ouvriers et de paysans. C’est ainsi qu’il élabore un théâtre populaire, épique, satirique, qu’il fait jouer en arabe dialectal, concerné par les questions épineuses de son temps et de son pays…
Son intérêt pour la culture berbère, la langue tamazirt, sa position en faveur de l’égalité des femmes et des hommes et contre le port du voile lui valent d’être privé d’antenne sur les chaînes nationales et d’être exilé par le pouvoir algérien à Sidi-Bel-Abbès, où il dirigea le théâtre régional de la ville. En 1987, il reçoit à paris le Grand prix national des lettres, où il s’y installe une année après. Son recueil de poèmes posthumes est édité en 1991, à Paris aux éditions de la Découverte : « Soliloques : poèmes ».
En 2003, son œuvre théâtrale est inscrite au programme de la Comédie Française. Emporté par un cancer fulminant, il décède en 1989 sans avoir pu achever son œuvre dramaturgique et littéraire..L’Etoile virulente s’est envolée vers le ciel pour se confondre avec des milliers d’autres astres dans la voie lactée.