Renifler de la merde et trouver que ça pue

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Je n’ai jamais bien compris pourquoi les gens s’offusquaient de la télé poubelle, à renifler de la merde tout en s’indignant que ça pue. Et à participer au buzz et à l’empuantissement dans la complicité du scandale programmé.

Il y a sans doute dans cette contradiction tout le paradoxe du badaud d’accident, mélange de voyeurisme, de mortification et de soulagement, à se renforcer dans sa conviction que c’est de la merde ou du sang, tout en jouissant de son dégoût fasciné et grégaire face à la défécation télévisuelle dans la tiédeur des pantoufles.

Que tel ou tel petit connard sur une chaîne privée en guise de « réflexion « morale et politique défende simplement les intérêts de ses sponsors, entre deux humiliations publiques de souffre-douleurs mensualisés, quelle surprise !!!

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Comme si l’on ne savait pas que le seul vecteur de ces émissions en direct des chiottes était le taux d’audience et sa capacité à vendre du Harpic 100% détartrant et que leur seul sens de la provoc se déployait de préférence sous la ceinture, parfois au niveau des bretelles mais en se cantonnant prudemment à l’inoffensif, dans le périmètre prédéfini tacitement ou contractuellement du jusqu’où ne pas aller trop loin dans la moulinette à pognon.

On a le sens de la carrière chez ces gens-là.

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Depuis l’aveu tranquille de Le Lay ex patron de TF1, nul ne peut plus ignorer que les émissions coprophages sont là pour vendre du temps de cerveau disponible afin de bien récurer le cortex et mieux refourguer la poudre de perlimpinpin.

Au moins sait-on que ces analphabètes de la pensée ne se prennent pas pour des intellectuels (dans le moins pire des cas) et que ça ne se fait pas directement avec notre pognon. (Même si l’on paie le prix de la pub en achetant le produit et qu’on finance en partie la machine à sanibroyer).

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Il est évident que la responsabilité de chacun est engagée. Regarder ou ne pas regarder. Zapper l’usine à fabriquer du zombi et la chaîne à produire de s’arrêter. S’il y a bien un pouvoir que l’on détient c’est celui de la zapette et je ne parle même pas de boycott tant le mot me parait disproportionné pour une décision de salubrité mentale aussi saine que simple.

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Pour ce qui est du service public, l’affaire est un peu plus alambiquée mais à peine, puisque c’est avec ma contribution fort citoyenne que l’on me propose, entre deux promotions enthousiastes d'un expatrié fiscal, chanteur de daubes barbichues, de subir volontairement l’abus de pouvoir de quelques tortionnaires ordinaires prompts à s’essuyer les pieds sur les invités tout en se cirant mutuellement les mocassins.

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De la maîtrise du montage à la légitimité du statut, toujours forts avec les faibles et flatteurs auprès des puissants, ils ont cette aptitude à jouer le vengeur à démasquer dans le confort fabriqué du beau parleur du beau disant, déféquant d’en dessus, tout en exigeant de celui du dessous d’aller mieux se torcher.

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De la merde j’en pense aussi mais j’essaie d’avoir l’élégance de la confiner à mes gogues et de ne pas en faire un métier.

Tout ça pour dire que dans cette tambouille là, à tout mixer tout mélanger tout touiller, de la politique internationale à l’extension du pénis au Maroc, je ne me réjouis pas d’y retrouver de l’insoumis dedans.

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Si j’en comprends la stratégie et la justification, aller chercher les gens là où ils sont, respecter les petites règles c’est briser les grandes, planter la petite graine du doute, faire entendre une partition différente (dans le meilleur des cas) etc, si j’ai conscience qu’une minute sur télé gros cons c’est démultiplier la parole et toucher 1 millions de fois plus de paires d’oreilles qu’en dix ans de militantisme laborieux et méritant, j’ai la conviction que la compromission n’en vaut pas la chandelle.

De l’insolence pertinente à faire dévoiler les salaires de ceux indécents qui nous trouvent, pauvres de nous, au dessus de leurs riches moyens, à la dérobade de ne plus pouvoir dévoiler le sien acculé dans le coin du ring, la société du spectacle finit toujours par gagner et qu’au jeu du grand recyclage à tout vendre et à tout saloper on en sort immanquablement lessivé.

Et pour le coup, moins blanc que blanc.

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