Le taux de change en Tunisie : Quelques aspects.

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Mise au point aux amis intéressés par le taux de change en Tunisie. Quelques aspects.

1- Quand on dit que le taux de change est sur-ajusté c'est qu'on parle du taux de change effectif (TE) qui a une structure totalement différente de celle du taux de change nominal (bilatéral) dont tous les médias et discours parlent actuellement, et que les individus utilisent quotidiennement pour leurs transactions.

2- La valeur empirique du TE "d'équilibre" permettant d'obtenir son sur-ajustement par rapport à "l'équilibre" diffère d'une méthode à une autre et aussi d'hypothèses à retenir.

3- "L'équilibre" dont on parle est normalement celui qui assure la parité du pouvoir d'achat entre les pays concernés par le commerce avec la Tunisie, et traduit aussi l'équilibre de toute l'économie. C'est à dire que tous les autres prix sont supposés être d'équilibre.

4- De là à annoncer que " le dinar devrait être déprécié davantage de 12% exactement et que la parité serait de 1$=3TDN", outre ses effets de choc sur le marché de change interbancaire et les stratégies de spéculation qui s'en suivent, il ne pourrait être qu'une approximation non-rigoureuse (si ce n'était une confusion de communication) car impossible d'en déduire le taux de change bilatéral quand il s'agit de manipulations statistiques. Encore faudrait-il vérifier que tous les autres prix ne sont pas distordus; ce qui est loin d'être le cas.

5- Particulièrement en Tunisie, dire que la dépréciation est due au déficit occasionné par le retard du rythme des exportations par rapport aux importations dans une logique de contreperformance productive, c'est se limiter à une partie du problème car il y a plusieurs autres facteurs enchevêtrés. Entre autres, le déficit commercial est aussi dû à la dépréciation du dinar !

6- Enfin, rien n'indique qu'au delà d'un ajustement de 12%, le dinar ne poursuivra pas son glissement!

Honnêtement, je ne sais pas quelles sont les garanties qui feront qu'une stabilisation financière se réalise en adoptant les réformes de cette manière, et quelles seraient les mesures à prendre face aux éventuels effets sur la croissance et les prix.

Le prêt FMI :

La confirmation par le FMI que la deuxième tranche du prêt sera déboursée prochainement aiderait certainement à :


(1) réduire le déficit public de l'année,

(2) stabiliser le dinar, et

(3) gagner plus de confiance auprès des autres bailleurs de fonds (BAD et UE). Si c'est essentiellement le résultat d'un travail technique de tradeoffs budgétaires et de prévisions dans une situation d'espace fiscal très réduit.

Je crois que la balle est dans le camp des politiques surtout publiques pour :


(1) Relancer l'investissement et la croissance et donc l'emploi. En fait, si les 2.5% de croissance ne se réalisent pas, le taux de déficit public augmentera et le ratio MS/PIB ne convergera pas,

(2) mettre en œuvre une politique d'endettement surtout par l'exploration de nouveaux produits financiers,

(3) mener une communication plus adéquate. Ceci ne devrait pas faire perdre de vue le moyen terme par la mise en œuvre du package correspondant… (…).

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