L’Economique est si banalisé dans mon pays…

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J'ai eu une discussion avec un économiste étranger très respectable sur la chose publique en Tunisie dont l’évolution des indicateurs qu’il considère ‘’très volatile’’ semble l'intéresser ces dernières années.

Entre outre, il a dû remarquer que les problèmes économiques sont à la portée presque de tout le monde, et même les décideurs mènent un discours, dit-il, ''curieusement très technique'' (curiously highly technical), à l'encontre de ceux dans les pays européens !

En revenant chez-moi, je me suis posé la question : qu'est-ce qui fait que l'Economique est si banalisé dans mon pays ? Un économiste ayant passé le clair de sa vie à l'étudier est publiquement logé à la même enseigne qu'un non-économiste, ce qui n'est pas le cas pour les médecins ou les matheux, les psychiatres ou les réparateurs chaud-froid, les ingénieurs béton ou les compositeurs musiciens.

Tout est tranché : on analyse le système bancaire, les relations intersectorielles, le taux de change, les fluctuations cycliques, le marché de l’emploi, le budget de l’Etat,… et j’en passe. Et souvent, le non-économiste se met même dans la peau de l'Expert Economique et influence non seulement l’opinion publique mais aussi la prise des décisions collectives…

Certes, la liberté de l’opinion est acquise, mais je crois que ‘’le bon sens’’ inapproprié l’emporte. En fait, dans les sociétés pré-modernes le système social n’était pas si doté de causalités comme dans notre ère.

Appréhender un phénomène social ou économique ne demandait pas autant de complexité. Cependant, la phase post-moderne de la pensée humaine a évacué toute référence au ‘’bon sens’’ simpliste où les causalités sont multiples.

Analyser par exemple la dépréciation du dinar évoque plusieurs dimensions enchevêtrées allant de la structure profonde du système productif, en passant par le degré d’ouverture de l’économie et les secteurs exposés, l’appropriabilité du régime de change, l’efficacité des politiques monétaires, le comportement spéculatif des banques locales, l’état de l’art des partenaires commerciaux, les politiques monétaires dans la zone Euro et aux Etats unis, et même le statut de l'Etat, le contexte de la transition…

Négliger ou omettre une seule dimension et ses interactions avec les autres, limiterait l’analyse, tronquerait la réalité et mènerait à des absurdités.

De même, l’analyse économique de la loi des finances, les enjeux de la privatisation, les caisses de sécurité, le secteur de l’énergie renouvelable…, requièrent un background approprié… Se baser seulement sur le ‘’bon sens’’ pour en parler, risquerait d’être confronté au même problème sans pouvoir s’en sortir.

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