Loi de finances : Tiraillements et critiques

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Pourquoi le budget de l’Etat et la loi de finances suscitent chaque année si de tiraillements, de critiques et d’interprétations divergentes. Je crois que les raisons suivantes pourraient être envisagées :

1- Le contexte de transition autorise généralement le libre accès et l’implication directe et indirecte de toutes les catégories sociales dans les affaires publiques qui s’avèrent en partie citoyennes, puisque les institutions ne sont pas encore stabilisées.

Cet effet diminue au fil du temps et en fonction :


(I) De l’intérêt décroissant, semble-t-il, du citoyen lambda aux questions collectives.

(II) De la perception du citoyen au rôle et au profil de l’Elite politique.

2- Depuis les gouvernements de la Troïka, le gros de l’intéressement versait sur leur performance. Alors, opposition, médias et instances financières internationales semblaient accorder plus d’importance qu’il n’en fallait aux problèmes de la finance publique aux dépens des autres questions plus profondes, plus complexes et à étendue plus large. Cette tendance semble persister.

3- Le discours officiel, depuis les élections de la gouvernance actuelle dite permanente, a réduit les réformes, en dernière instance, autour des équilibres des finances publiques, comme si l’ ‘’équilibre'’ était une fin nationale en soi.

4- La contre-performance de l’économie dans son ensemble fait que les ressources à distribuer soient de plus en plus rares. L’Etat, tant qu’il n’a pas pensé à remodeler la clef de la répartition pour un véritable contrat social, réussira mal les arbitrages, et donc les insatisfactions de ses partenaires ne cesseront d’augmenter, aiguisant ainsi les conflits entre objectifs de plus en plus non-aggrégeables.

5- L’aspect répétitif, reproduit à l’identique, de la méthode, la structure et la communication officielle lors de la construction et l’annonce du budget, au point d'anticiper les dires avec une faible marge d'erreur, même terminologie et même discours :


(I) le prix du pétrole a augmenté, le dinar s’est déprécié, les recettes fiscales prévues n’ont pas été réalisées, la croissance est lente,

(II) nous avons à peine démarré les réformes et ça sera de manière graduelle,

(III) la part des salaires dans le PIB est parmi les plus élevée au monde,

(IV) nous allons accélérer la récupération des biens mal acquis,

(V) nous n’avons pas besoin d’entreprises publiques déficitaires,

(VI) c’est nous qui nous étions dirigés au FMI pour financer nos réformes.

6- les mêmes fragilités de court terme sont traitées sans apprentissage sur le tas,


(I) prévisions non-réalisables à l’œil nu,

(II) dominance du caractère comptable dans la perception du budget,

(III) adoption de mesures exceptionnelles non soutenables,

(IV) promesse à portée trop limitée (chiffres à l’appui) de création de l’emploi par la diminution du budget de fonctionnement par rapport à celui de l’investissement,

(V) annonces officielles reproduisant en majorité le contenu de la loi de finances déjà publiée, plutôt que savantes et pédagogiques,

(VI) absence de traces aux politiques publiques nouvelles, aux réformes en dehors des finances publiques, aux politiques industrielles intégrées, aux politiques commerciales, éducatives...

Il serait possible que les délais courts préétablis, la vision partielle du traitement de la transition et le peu de Capacité de l’Etat, font que les sources d’inspiration ne soient fécondes et le fond exigeant des délais plus longs ne soit examiné.

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