Gardons l'optimisme car c'est un début de performance.
Vers 14 heures, le téléphone a sonné (de la Tunisie), et c'était une journaliste ''free-lance'' selon ses dires, voulant m'interroger sur les 2.1% de croissance au premier trimestre. Je lui ai répondu que c'est clair: c'était dû essentiellement au phosphate, au tourisme et à l'agriculture. Elle voulait ensuite savoir si c'était un retour au trend normal de la croissance et si c'était dû aux réformes du gouvernement? Je lui ai répondu: ''Je ne sais pas''.
- Désolée si Ali si je vous ai dérangé.
- Pas de problème, je ne suis pas dérangé.
- Non, parce que vous évitez de me répondre!
- pas du tout.
- Dites-moi alors si c'était dû à ce gouvernement et si c'est déjà le retour à la croissance d'avant 2011?
- Mais je ne sais pas! Et nul ne peut le savoir pour le moment, car il est impossible de distinguer entre les effets des ''réformes en cours'' et aussi des politiques monétaires et budgétaires, surtout de manière arbitraire et immédiate.
Et puis, parler de reprise ou de retour au trend n'est pas si évident que ça, car il dépend d'un travail technique assez précis permettant d'isoler les effets conjoncturels et ceux tendanciels, ce que je n’ai pas encore fait ! Gardons l'optimisme car c'est un début d'une performance.
Elle a dit ''bonne journée'' en raccrochant presqu'instantanément. J'ai voulu savoir qui était à l'appareil. C'était à partir d'un opérateur ou d'un centre d'appel !!
Sigma Conseil
Certes, ce qu'a prononcé le directeur de Sigma Conseil est regrettable, mais il serait bien de rappeler que,
1- Outre les réactions intuitives et souvent arbitraires, l'appréciation de la qualité scientifique des résultats des enquêtes statistiques n'est pas donnée, car c'est un domaine scientifique où à un certain niveau d'approfondissement il devient très sélectif, voire inaccessible à la plus grande majorité. Tant que les amis spécialistes n'ont pas réagi académiquement aux méthodes et outputs des agences de sondage ainsi que leurs retombées politiques et sociales, tant que les avis ne concorderont pas et mèneront in fine à insultes et décrédibilisation.
2- Les agences de sondage n'ont jamais été des centres de recherche, sinon ceux qui ne le savent pas pourraient consulter les proceedings des meetings annuels de JASA ou EuroStat, pour apprécier le fossé entre l'activité pécuniaire et celle purement scientifique.
3- Les boîtes à outils statistiques, spécialisées dans les opinions politiques, ont souvent été investies par le pouvoir (USA et l'affaire Clinton-Lewinsky, la Grèce avant sa crise de surendettement, Saddam la veille de la guerre du Golfe,…).
En fait, elles ont, directement ou indirectement, scientifiquement ou idéologiquement, soutenu des régimes politiques et détruit d'autres.