Pourquoi le débat économique en Tunisie est devenu peu pertinent alors qu'en transition l'Economique, il en est une pierre angulaire? Je crois que la piste suivante pourrait apporter un éclairage supplémentaire:
1- Le peu d'implication des spécialistes dans la chose publique. En nombre, la part d’économistes intervenants dans le total de ceux institutionnellement identifiés est presque négligeable ;
2- La politisation du discours économique. Ceci a pour effet de banaliser les ''problèmes économiques de fond'', non seulement par des analyses peu profondes mais aussi par des horizons (temporel et spatial) très réduits, de surcroît allant de pair avec les cycles politiques ;
3- Le peu d’intérêt que portent les décideurs aux initiatives, analyses et réflexions assez rigoureuses (menées par quelques intervenants) semblant être prises pour des ''voix hétérodoxes'', car non-valorisées ;
4- La propagation d'idées très approximatives voire fausses, prise pour des ''vérités''. Ainsi, des repères atemporels et a-théoriques sont relayés par quelques intervenants, et repris par le citoyen lambda. Exemples :
(I) ‘’Un point de pourcentage de croissance économique crée 15000 emplois’’ ! Or, ceci requiert une démarche très compliquée invoquant le gap de la croissance, la dynamique du marché de l'emploi, la politique budgétaire, les ajustements cycliques du solde budgétaire,...,Et une fois obtenu, il ne sert que dans les sentiers de long terme et non d’une année à une autre. Les prévisions de court terme, même si elles sont bonnes, ne peuvent pas être prises pour toujours;
(II) ‘’Le dinar n'est que le reflet de la situation économique’’. Ok, comme tout agrégat économique, mais ceci évacue de l'analyse les politiques de régulation conjoncturelle et même leur raison d’être.
(III) ‘’Le seuil acceptable des réserves en devises est de 90 jours d’importation sinon c'est la catastrophe''! ; Ce qui est arbitraire et à la limite faux, (…).
(IV) le taux de change d’équilibre est de 3 dinars pour un Euro, ce qui est faux, car il dépend au moins du moment de son calcul, sachant que son obtention pour un cas particulier est très approximative et dépend grandement de la méthode de son estimation (…).
(V) Et pour ne pas oublier, ‘’le seuil d'endettement’’ qui est variable en Tunisie puisqu'il passe de ‘’50% en 2014’’, à ‘’70% en 2018’’ !!!
Dans un tel environnement intellectuel, il vaut mieux ne pas communiquer sur l'Economique que le faire de manière confuse.