Sur la couverture du risque de change en Tunisie

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Inspiré d’un commentaire sur Facebook et en marge de la visite officielle d’un staff tunisien à la BM, la couverture du risque de change, faisant part en principe d’un package de mesures multiples et coordonnées contre le ‘’risque-pays’’, ne devrait pas se réduire ni à une assistance internationale ni à un ‘’transfert de connaissance’’ pour l’implémentation de mesures souveraines, techniquement standard. Elle perd de sens tant que le choix très controversé et peu justifié de régime de change flexible est de mise dans les circonstances économiques actuelles de fragilités multiples.

Toutes choses égales d’ailleurs, sans mesures accompagnatrices efficaces, ce régime flexible fait emprunter l’économie un processus circulaire de résultante nulle, D-D-D, qui se confirme au fil du temps : ‘’Dépréciation (du dinar)-Déficits (public et extérieur)-Dépréciation (du dinar)’’, avec une dette extérieure non-soutenable et des tensions inflationnistes soutenues, transférant ainsi l’arbitrage entre :

(1) ‘’Stabilisation de court terme’’ et ‘’Financement de la croissance’’, vers celui entre

(2) le ‘’Maintien des réserves’’ et la ‘’Maîtrise de l’inflation’’; arbitrage perdant de vue l’aspect inter-temporel de la politique économique et non-soutenable, puisque il semble être en faveur du maintien des réserves au vu des contraintes internationales.

Ainsi, un risque systémique menace continuellement les finances publiques et le système bancaire au vu des fragilités persistantes et l’absence de politiques de croissance. Pourtant le discours officiel, voulant être savant mais ne dépassant malencontreusement pas le stade narratif, passe sous silence ce risque.

Plusieurs études récentes (*) examinent les déterminants du choix du régime de change en prenant en compte ses facteurs économiques, politiques et institutionnels. Les résultats indiquent que les régimes de change fixes sont associés à des petites économies ouvertes à croissance lente.

Mais, plus les secteurs des biens échangeables sont importants et la croissance est soutenue, moins il est probable qu'un gouvernement fixe sa monnaie.

Par ailleurs, les institutions démocratiques et les situations politiquement stables sont associées à des régimes de change flexibles.

Enfin, les gouvernements ayant encore plus d'années à écouler ont tendance à ancrer leur monnaie. Ces résultats semblent vérifier l’idée que les gouvernements sont davantage préoccupés par leur durabilité que par l’utilisation du régime de taux de change comme instrument d’engagement…

Ce qui est embarrassant vraiment est que certaines politiques économiques, quand elles sont envisagées dans mon pays, semblent être en dehors d'un cadre théorique cohérent et des pratiques internationales…


(*) Rodriguez, M. C. (2016). International Economics.

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