Hier soir, le président de la République a une fois de plus, commis une forfaiture. Dans le fond et par la forme.
Que penser de cette énième pantalonnade qui consiste à signer un décret-loi à une heure tardive de la nuit un samedi soir…
Seul, envers et contre tous, il continue de s'enferrer dans sa dérive dictatoriale.
Les choses sont maintenant claires : en effet, pas de retour à l'avant 25 juillet... avec lui, à la tête de l'Etat.
Supprimant un organe constitutionnel, en l'occurrence, le conseil supérieur de la magistrature (quelle infamie !) et lui substituant son propre 'texte', d'une redoutable banalité intellectuelle, il a d'un trait de plume rendu hors-la-loi tout un pays ainsi que tout un processus transitoire vacillant.
Sinon, quel magistrat doué de raison acceptera de siéger dans un organe, désormais non élu, sans essuyer l'accusation de haute trahison aux principes constitutionnels et démocratiques universels ?
Fayçal Bekri
Ce que la dictature nous a appris….
Vous qui êtes jeunes et qui n'avez pas vécu l'arbitraire, l'injustice, la répression, la censure, l'autocensure, les abus, la violence institutionnelle, l'absence de libertés individuelles et collectives, l'exercice solitaire du pouvoir, les arrestations massives pour délit d'opinion, les déportations, l'exil, le renoncement à soi et à sa dignité, le droit de cuissage, le droit d'aînesse, le flicage systématique, le clanisme, le viol quotidien des droits citoyens les plus élémentaires dont le droit de critiquer, de contester, de protester, de dénoncer, de se déplacer….
Vous qui n'avez pas subi le joug d'une dictature mafieuse, illettrée, dégoûtante, répugnante, sale et voyou, vous qui êtes nés à l'orée de la révolution, qui avez connu les remous et les tempêtes de la démocratie, ses faiblesses et ses insuffisances, son immaturité et son inexpérience, ses excès et sa démesure, ses défenseurs et ses assassins, ses amis et ses ennemis, ses turbulences et ses folles passions,
vous qui avez tout vu et tout entendu au cours de ces onze dernières années sans que l'on vous prive de votre liberté, sans que l'on vous ôte votre droit inaliénable de vous opposer, sans que l'on vous impose quoi que ce soit, vous qui êtes si jeunes, si influençables , si malléables, si peu armés de savoir, de connaissances, de valeurs démocratiques et citoyennes, si démunis d'esprit critique,
vous dont les parents ont vécu sous deux régimes tyranniques et dont le seul droit était celui de respirer l'air vicié de la dictature….vous, vous devez protéger votre avenir, votre pays du danger qui le guette aujourd'hui et qui vous fera vivre la tragédie vécue par vos parents et grands-parents…la tragédie qui consiste à se taire, à assumer sa servitude et sa lâcheté, à réprimer sa colère, sa révolte, à se contenter d'être un simple tube digestif et un cerveau ankylosé….
Moi, je sais ce que vous risquez de perdre, vous, vous ne le savez pas encore, et quand vous le saurez, ça sera trop tard.
Chiheb Boughedir