Kaïs Saied : Interrogations et doutes

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Kaïs Saied nous-a-t-il trompés ???

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Tromper c'est induire en erreur volontairement quelqu'un, or, Kaïs Saied, tel que nous le connaissons depuis ses apparitions télévisées en 2011, est resté le même, il n'a pas changé d'un iota et demeure cramponné à ses convictions…

C'est nous qui avons projeté nos fantasmes sur lui, c'est nous qui lui avons confectionné un costume qui n'est pas le sien, c'est nous qui lui avons prêté des convictions qui ne sont pas les siennes et c'est son adversaire du second tour qui nous a contraints à cette absence de lucidité et à cette passion irrationnelle pour un homme certes intègre, honnête mais foncièrement idéaliste au point de croire qu'il détient la vérité et que sa vision, extrêmement confuse et ambiguë, en opposition avec la constitution qui a permis son élection et en contraste avec les choix opérés depuis 2011, indépendamment de leur pertinence, doit correspondre à la volonté du peuple…

Or, le peuple n'est ni une masse compacte, homogène et asservie aux mêmes idées ni du bétail que l'on conduit là où on veut.

Le "peuple veut" n'implique aucune volonté supérieure à toutes les autres, et cela exprime et révèle une perception totalitaire du pouvoir....

Le peuple n'est ni la somme de toutes les volontés, ni l'addition de toutes les opinions, le peuple c'est la somme des contradictions, des oppositions, des conflits, des pluralités-diversités qui le traversent...le jeu démocratique et le scrutin permettent de dégager la majorité qui doit gouverner dans le respect des droits des minorités....

"Le peuple veut" est une imposture intellectuelle dont dérivent généralement les tyrannies modernes....

Lui, il n'a trompé personne, si certains de ses électeurs sont déçus, c'est leur droit, c'est parce que la perception a prévalu sur un jugement objectif du parcours militant anonyme de l'homme....

Chiheb Boughedir


Il faut prendre acte du caractère rebelle de la réalité …

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Après les détails de l'accueil, qui mettaient en cause le pays hôte, c'est la prestation de l'intéressé qui est maintenant sous le feu de la critique. L'homme n'est pas du genre à sortir le grand jeu. Il n'en a pas ? Peut-être !

Je vois surtout que ça ne l'intéresse pas. Il bégaiera donc devant le journaliste, se souciera comme d'une guigne d'élégance rhétorique, fera des réponses en dépit des règles de la prudence… au grand dam de tous ceux qui continuent de rêver de grand homme et qui voudraient peut-être, un instant seulement, séduire le monde par la figure de leur président.

La vérité est que l'homme est porteur d'une idée, qu'il répète inlassablement, en présence des Français comme face aux Tunisiens qui l'ont interpellé dans la rue parisienne.

La même qu'il a développée aussi dans sa campagne électorale : passer d'un état de droit à une société de droit, faire en sorte que le citoyen s'empare de son rôle d'acteur politique et économique au lieu de continuer de se percevoir lui-même comme un administré.

Et il en donne l'exemple à travers sa personne : il n'est pas nécessaire d'être bon sous tous rapports pour croire en sa bonne étoile et agir pour changer le monde. On peut avoir ses milles petits travers et se donner quand même le droit de jouer un rôle central.

Raouf Seddik

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