Ceux qui semblent caresser l'idée de renoncer au remboursement de la dette contractée après 2011 sous prétexte qu’elle aurait été accordée à des gouvernements corrompus avec la complaisance sinon la complicité des donateurs étrangers et des institutions financières internationales, devraient faire attention à leurs propos et à leurs conséquences.
Aux yeux des donateurs occidentaux et des institutions financières internationales, les véritables détenteurs des leviers de l'économie à savoir les rentiers sociaux, la bureaucratie archaïque et des fois corrompue et les familles qui contrôlent la production, la distribution et la finance, n’ont pas changé et ont peut-être même renforcé leur emprise sur l'économie et d’autres secteurs comme la presse et la politique pour s’opposer à tout véritable changement et toute réforme profonde et crédible de l'économie tunisienne.
De plus, le paysage politique en Tunisie donne la forte impression d’un déficit démocratique par rapport au paysage entre 2011 et 2021. Là encore, même si le débat est permis et les carences de cette démocratie qui en est devenue une mauvaise caricature sont évidentes en Tunisie, la communication à l'intérieur et à l'étranger a été, il faut le reconnaître, défaillante et a laissé germer une perception négative de la présente situation politique en Tunisie. Commençant par la presse et la société civile, cette perception a été relayée par les partis politiques et les institutions parlementaires américaine et européennes, pour finir avec le pape François.
Il faut reconnaître que la perception de la situation politique et économique en Tunisie est négative en Europe et aux Etats Unis et par conséquent parmi les pays du G7.
Aussi, l’argument de la dette odieuse risque-t-il de fermer les rares portes qui restent entrebâillées pour sauver la Tunisie du défaut de paiement et ce ne seront pas les fanfaronnades de rejoindre le BRICS ou de se jeter dans les bras de la Chine qui sauveront la situation.
En fait, cette gesticulation qui a tout l’air d’une fanfaronnade naïve et infantile, risque fort d’ajouter une dimension géostratégique et sécuritaire à une crise qui gagnerait à rester purement économique.
Les apprentis sorciers devraient penser aux conséquences de leur délire sur les générations à venir car ils risquent de laisser des conséquences et un souvenir pires que ceux de Mustapha Ben Ismail et de ceux qui ont fait de la Tunisie une proie facile pour les puissances coloniales au XIXème siècle.