Conclure un accord sur la gestion du flux migratoire avec l’Union Européenne, sous la houlette du gouvernement italien d'extrême droite, outre ses implications sécuritaires et diplomatiques néfastes pour la Tunisie, reviendra à renforcer les courants xénophobes, racistes et islamophobes en Europe et ailleurs.
Marine Le Pen et ses semblables européens vont se saisir de cette brèche ouverte par leurs collègues italiens pour imposer leurs vues radicales et longtemps considérées extrémistes et inacceptables pour les pays de la rive sud de la Méditerranée et d’Afrique.
Alors que l'extrême droite italienne et la direction politique d’une Tunisie à la dérive semblent sur le point de rendre ce qui était impensable une réalité, tout accord, entouré d’une opacité et d’un mutisme qui ne peuvent que faire craindre le pire, sera considéré comme une justification de l’approche radicale et extrémiste de la question migratoire et une aubaine électorale pour les partis et groupuscules européens d'extrême droite qui n’ont jamais caché leur mépris des arabes, africains et musulmans.
Les tunisiens ayant, selon ces xénophobes et racistes européens, le tort de réunir les trois « tares » d'être arabes, africains et musulmans, seront en première ligne pour subir les dérives xénophobes et racistes qu’ils auront contribué à légitimer internationalement.
En plus d’une situation économique et d’une faiblesse diplomatique qui en fait une proie facile à tout chantage abject, la Tunisie est destinée à devenir un argument électoral de taille pour les partis et groupuscules d'extrême droite partout en Europe et principalement en France et en Allemagne.
Les Tunisiens désireux de se rendre à la forteresse Europe ou ceux qui y résident d’une manière légale ou illégale seront, en vertu de tout accord signé sous la houlette de l'extrême droite européenne, victimes d’une précarisation supplémentaire en toute légalité. Pour leur part, les prochains gouvernements tunisiens seront pris au piège d’un accord international opposable en toute légalité et considéré comme un critère de crédibilité de la Tunisie à honorer ses engagements internationaux.
Pour les pays africains et surtout du nord et du Sahel, la Tunisie aura rompu les rangs et mis de côté la solidarité africaine pour une poignée d’Euros. L’honneur et la crédibilité de la Tunisie en pâtiront grandement et le statut de paria sera de plus en plus inévitable.