Le transit ou séjour en Tunisie des ressortissants sahariens mérite d'être abordé en dehors des élans émotionnels et des calculs électoralistes que ce soit en Tunisie ou en Europe car la mobilité des personnes et les droits des migrants concernent également un Tunisien sur six si l’on compte la migration effective. Cette proportion pourrait grimper à un Tunisien sur deux si l’on compte le mal être et le rêve d’un meilleur avenir qui semblent animer un nombre vertigineusement croissant de tunisiens.
La manière dont la migration subsaharienne en Tunisie sera appréhendée officiellement et populairement a de fortes chances de déterminer l'avenir de la société tunisienne et surtout le statut et la perception de la Tunisie sur le continent africain qui gagnerait à être considéré comme l’espace socio-culturel de la Tunisie plutôt qu'une réserve pour des safaris commerciaux.
Il n’est pas excessif de considérer que chaque subsaharien établi et, pourquoi pas, épanoui en Tunisie, pourrait être un pont avec son pays d’origine et contribuerait plus concrètement à l’ancrage de la Tunisie au continent auquel elle a donné le nom mais dont elle s’obstine paradoxalement à se démarquer en dépit de quelques déclarations ou caravanes commerciales qui trompent de moins en moins de monde.
Avec une diplomatie visionnaire et agissante et une politique dépourvue des instincts qui évoquent les transes xénophobiques de l'extrême droite européenne, la vague de migrants subsahariens en Tunisie pourrait devenir d’une menace que certains brandissent avec des relents parfois racistes, une opportunité pour montrer une Tunisie généreuse, carrefour de civilisations et ouverte sur son continent qui de toute évidence se réveille et ne tardera pas à consacrer son statut d’avenir de l'humanité.