Ceux qui réclament le pire traitement aux ressortissants subsahariens en transit en Tunisie ou se réjouissent de toute mesure vexatoire et privative de droits et de liberté à leur encontre, devraient se demander si leurs parents, amis, voisins ou concitoyens partis à l’étranger en quête d’une deuxième chance (ils sont deux millions de tunisiens partis à l’étranger), apprécieraient si un tel comportement leur était infligé.
On ne peut s'empêcher de s'inquiéter de voir un pan de plus en plus large de l’opinion publique et d’acteurs politiques tunisiens épouser sans retenue ni états d'âme les thèses et discours de l'extrême droite européenne et s’apparenter, souvent inconsciemment et probablement de bonne foi, à des personnages aussi répugnants que Le Pen et Zemmour, souvent qualifiés par leurs concitoyens de xénophobes et racistes.
En plus de la défense des intérêts de la Tunisie et de son intégrité territoriale qui est un devoir sacré pour chaque tunisien, le patriotisme consiste à préserver précieusement l'intégrité morale du pays et sa stature de nation civilisée respectueuse des valeurs universelles notamment celles des droits de l’homme et des migrants.
Que ne gagnerions nous pas en humanisme et en tolérance en voyant en chaque ressortissant subsaharien en Tunisie un être humain arraché de son sol et de ses proches par la misère et le dénuement et mu par la quête d’une deuxième chance qui est, pour leur écrasante majorité, à travers un transit et ailleurs qu’en Tunisie.