Si Kaïs Saied a choisi de jouer délibérément l'obstruction, empêchant les nouveaux ministres investis par l'ARP de prêter serment, c'est parce qu'il n'a pas accepté le limogeage du ministre de l'intérieur, son proche, qu'il a lui-même imposé dans l'actuel gouvernement. Mais alors pas du tout...
Prenant à raison, cet acte pour un affront, voire un camouflet personnel.
A sa décharge, s'il avait scrupuleusement respecté la constitution, qui lui fait obligation de ne pas s'immiscer dans la composition gouvernementale, à l'exception des portefeuilles de la défense et des affaires étrangères, il n'en serait pas arrivé là.
Autrement dit, si l'actuel chef du gouvernement avait épargné le ministre de l’intérieur en place, tout en remaniant profondément son gouvernement, le Président de la République lui aurait laissé une paix royale.
Pour prendre la mesure de la rigidité mâtinée de roublardise de Kaïs Saied, il faut se rappeler l'épisode de l'ancien chef du gouvernement, Fakhfakh, qu’il avait soutenu éperdument. Mais qu'il a sacrifié, sans état d'âme, dès qu'il apprit qu'une motion de censure venait d'être déposée contre ce dernier. Dans l'unique but de pouvoir garder l'initiative de choisir un chef du gouvernement à sa main.
On peut remonter aussi à 2018, lorsque star des médias, il professait à l'endroit de l'ancien Président de la République, Essebsi, pris d'un doute, lors d'un remaniement ministériel d'envergure, que le chef de l'Etat, en matière de prestation de serment avait une 'compétence liée'.
C'est à dire rigoureusement le contraire de ce qu'il a décidé de faire une fois devenu Président de la République à son tour…
Tout le reste n'est que littérature constitutionnelle…