Lorsque ses partisans, pris de passion, ont commencé à répandre abusivement et partout dans les médias que fort d'une légitimité de 72% d'électeurs, leur champion pouvait tout se permettre (on y est à présent) personne ne bronchait dans les plateaux télés et radios, et pas davantage dans la presse écrite.
D'abord, pour leur porter la contradiction en faisant valoir que les 72% ont depuis 2019, fondu au moins de moitié, si l'on tient compte des désaccords publics, à sa façon de faire, de la plupart de ceux qui avaient publiquement appelé à voter pour lui : Ennahdha, Karama, Tayyar, Harak, UPR de Mraïhi, Safi Saïd, etc., lesquels lui ont apporté près de la moitié des 2 700 000 voix dont il prétend être dépositaire.
Ensuite, pour leur expliquer que le total de suffrages glanés par un candidat lors d'un second tour, reste sujet à interprétation en fonction de l'élection.
A titre d'exemple, lorsqu'en 2002, Chirac battit Le Pen avec 80% des voix, personne dans son camp a prétendu que leur champion, en vertu de cette éclatante victoire, était désormais fondé à modifier à sa guise la Constitution et le régime politique.
Au contraire, il était communément admis que Chirac ne pouvait être que contraint de relativiser ce résultat parce ce n'était pas un vote d'adhésion en sa faveur mais beaucoup plus un vote de barrage contre son adversaire Le Pen.
Exactement comme chez nous, compte tenu des profils en présence au second tour, le résultat final s'analyse plus comme étant un barrage contre N. Karoui qu'un vote massif en faveur de son vainqueur.