En refusant obstinément la participation de Qalb Tounès dans son gouvernement, le chef du gouvernement pressenti a fait preuve de constance et de conviction dans ses choix.
Mais maintenant il faut qu'il fasse preuve de plus de discernement et de courage. Avec le désaveu public aussi brutal qu'expéditif de Ennahdha de ne pas lui apporter son soutien, ni sa participation dans le cabinet qu'il est chargé de former, il a sans doute pris la mesure de ce que Ennahdha lui fera endurer s'il parvenait quand bien même à valider son ticket à l'ARP.
C’est-à-dire de rester entièrement à sa merci parce qu'à ses yeux, il ne sera que le chef d'un gouvernement minoritaire.
Aussi, en l'état actuel des choses, le mieux, pour lui, le Président de la République et le pays, serait qu'il tire sans plus tarder sa révérence et quitte la table.
Pour le pays, il permettrait d'éviter un scénario compliqué à l'extrême qui est celui d'aller à de nouvelles élections à la suite d'un deuxième vote successif de défiance des députés après celui infligé à H. Jomli.
Pour Kaïs Saied, lui permettre de se rattraper de sa grossière erreur de jugement politique que celle d'avoir confisqué la primauté à Ennahdha et Qalb Tounès (arrivés premier et deuxième et totalisant ensemble 92 voix) et donc de pouvoir peser sur le choix de celui qui conduira le gouvernement.
Qui plus est, ils étaient tombés d'accord sur la personne de F. Abdelkefi pour ce même poste de chef du gouvernement . Et ce faisant, de remettre en jeu ce dernier qui n'aura plus que quelques jours pour constituer son gouvernement et éviter une crise institutionnelle.
Pour E. Fakhfakh, lui-même, lequel par son refus téméraire de suivre les injonctions du tandem Ennahdha-Qalb Tounès, peut, désormais, se poser en futur patron du centre-gauche et fédérateur de la grande famille de la gauche Tunisienne plus dispersée que jamais.
Et surtout de revenir durablement dans le paysage politique avec une victoire dans une élection. Enfin, pour commencer…