Avec la disparition d'Ahmed Mestiri, c'est le père du code du statut personnel et la figure tutélaire de la social-démocratie Tunisienne qui s'en va.
Puiseurs fois ministre et ambassadeur de Bourguiba, ce libéral dans toute l'acception du terme, a été tout le long de son parcours politique d'une extraordinaire clairvoyance. Puisque c'est l'un des premiers, sinon le premier à déceler et dénoncer la dérive autoritaire prise par le 'combattant suprême' au tournant des années 70.
Préférant ne pas se soumettre aux oukases des caciques du PSD, l'enjoignant de rentrer dans les rangs, il fonda le mouvement des démocrates socialistes et dont la victoire aux élections de 1981 fut confisquée.
Après la révolution et les premières élections libres du pays, sa clairvoyance ne le quitta pas malgré l'âge. Il disait à qui voulait l'entendre que la transition démocratique ne pourra pas se faire contre ou sans Ennahdha mais avec. Implorant toutes les forces et sensibilités du centre de ne pas se perdre en futilités égocentriques, les appelant plutôt à s'organiser et se rassembler pour faire un contre poids crédible aux islamistes.
C'est meurtri et abasourdi qu'il vit que les dernières élections tant présidentielles que législatives de 2019 ont été disputées avec la participation de plusieurs candidats et partis de la même famille politique, ouvrant la voie aux populistes de tous bords…