Béji caïd Essebsi n'en finit pas de traîner comme un boulet sa première faute politique majeure depuis son retour sur le devant de la scène (mars 2011) : ne pas avoir pu ou voulu organiser son congrès initial au parti qu'il a créé.
Il avait le temps pourtant. Le quartet national ayant balisé le terrain en obtenant la démission du gouvernement Laariedh fin janvier 2014. Fondateur de ce parti, et qui plus est, son primus inter pares, il avait toute la latitude nécessaire pour tenir un congrès constitutif. Ainsi que l'intervalle suffisante puisque les législatives étant fixées en octobre et la présidentielle en décembre de la même année. C'était donc à dessein qu'il ne l'a pas voulu. Grisé par son habileté qui lui a permis de doubler tout le monde en un temps record ?
Un rien Machiavélien, diviser pour mieux régner devait-il se dire ? Probablement, un peu de tout cela. C'est ce qui explique aussi son choix d'imposer Essid, un indépendant, en tant que chef de gouvernement. Au nez et à la barbe de ceux qui l'ont porté à la présidence. Mais pour ce coup, les faits lui ont donné raison. Un parti incapable de se trouver un chef pour le conduire, ne peut pas donner au pays un chef de gouvernement.
Il n'empêche, que la crise qui couve à Nidaa, est un fait particulièrement inédit et rare dans l'histoire politique contemporaine. En général, ce type de crise, qui consiste à s'approprier l'appareil par une faction aux dépens d'une autre, touche les partis qui ont perdu des élections. Pas ceux qui les ont remportées.
Homme politique averti, il n'a pas perçu ce piège. D'où sa sortie télévisée. Mais ce qui est stupéfiant, ce n'est pas qu'il ait passé les 3/4 de son allocution à parler de Nidaa. Ce qui l'est, c'est d'avoir lié les problèmes de sécurité ainsi que les difficiles négociations sociales en cours entre le patronat et la centrale syndicale à une éventuelle sortie de crise à Nidaa, laissant même entendre une subordination entre eux.
La question qui se pose, est donc de savoir, en quoi la discorde à Nidaa concerne tous ceux qui n'ont pas voté Nida le 24 octobre 2014 ou Béji Caïd Essebsi le 23 décembre 2014 ? Que ce qui est bon pour Nida serait forcément bon pour le pays ? Nostalgie de l'Etat-Parti ?
On s'attendait à l'intervention du chef de l'Etat, on a eu droit à celle du chef d'un parti, dictant les contours d'un comité ad hoc qui sera chargé de sauver la "maison".
A sa décharge, il a toutefois eu l'élégance de ne pas apparaître comme un chef de clan.
Il ne nous manquait plus que ça…