La décision du président Donald Trump de retirer son pays de l’accord de Paris sur le climat n’est pas une surprise. Cela faisait partie de son projet électoral et nombre de ses déboires depuis son investiture (plusieurs de ses projets de loi ont été rejetés ou bloqués) expliquent qu’il veuille à tout prix garder un semblant d’initiative politique. Il est encore trop tôt pour évaluer les conséquences de ce retrait par rapport à un texte qui n’entrera en vigueur qu’en 2020, c’est-à-dire l’année électorale où Trump remettra en jeu son mandat. Pour autant, l’un des grands enseignements de cette affaire est la position en pointe de la Chine.
Engagement chinois
Outre le fait que ses dirigeants ont fait part de leur déception et de leur préoccupation face au retrait annoncé des Américains, la Chine fait partie de ces pays qui ont l’intention de soutenir l’accord de Paris.
Il y a plusieurs raisons à cela:
La première est d’ordre institutionnel. Depuis des décennies, Pékin est un fervent défenseur du multilatéralisme. Un accord signé par plusieurs pays au sein d’une instance internationale vaut plus pour les dirigeants chinois que des engagements bilatéraux qui excluraient les plus faibles ou les moins influents.
La seconde raison est d’ordre environnemental. Pour qui a voyagé en Chine, notamment dans les villes du littoral, il est évident que ce pays bat des records de pollution. De manière récurrente, des scandales éclatent, liés à la qualité de l’air ou de l’eau, à l’alimentation ou au respect de la nature.
Cela fait plusieurs années que le problème a été identifié par le PC chinois et assimilé à une vraie menace interne ne serait-ce que parce qu’elle peut aggraver les tensions sociales et amplifier le phénomène des migrations intra-régionales.
La troisième raison est économique. Talonnant les Etats Unis en termes de leadership économique mondial, la Chine entend être le numéro des énergies renouvelables et des technologies propres. Il suffit de voir quel impact a ce pays sur le marché des panneaux et composants solaires pour prendre la mesure de cette ambition. Pour les dirigeants chinois il ne s’agit pas simplement d’une compétition avec le rival américain. C’est un enseignement qu’ils tirent du passé et qui conditionne les projets de leur pays.
Tournant stratégique
On dit souvent que la Chine s’éveille depuis le début des années 1980 comme si ce pays n’avait jamais connu de période faste. Or, depuis la fin de l’Antiquité, et la chose est peu souvent relevée, l’ex-Empire du milieu a presque toujours été la première économie mondiale, loin devant l’Europe ou le monde méditerranéen.
Et c’est parce que la Chine a raté, pour diverses raisons, le grand tournant de la révolution industrielle, qu’elle a connu le déclin durant le dix-neuvième siècle et une bonne partie du vingtième siècle. Autrement dit, Pékin ne veut pas cette fois rater le grand tournant stratégique du vingtième siècle.
Ses dirigeants savent que les pays qui maîtriseront les nouvelles technologies, les énergies renouvelables et les industries qui les accompagnent seront à la pointe de l’économie planétaire. L’Histoire dira peut-être un jour si Donald Trump n’a pas entériné le déclin de l’Amérique en décidant de se retirer de l’accord de Paris.