Il arrive parfois qu’un match de football rende aux gens l’amour et la passion qu’ils témoignent à ce sport. Ce fut le cas aujourd’hui avec la victoire de la France contre l’Argentine (4-3). Ce n’est pas tant le score qui importe ici, même si on peut comprendre la joie folle des supporters des Bleus (oh les gars, on se calme un peu avec le trop-plein de cocoricoisme !).
Il y a d’abord la ferveur des supporters Argentins. Ces chants, ce nombre, ce bleu et blanc qui ondoie. Heureuses et heureux celles et ceux qui étaient au stade et qui ont pu les entendre et les voir. Il y a des peuples qui se contentent d’aimer le football et d’autres qui le vivent et le respirent : c’est le cas des Argentins dont un grand nombre s’est déplacé en Russie avec très peu de moyens.
Ensuite, il y a le scénario du match. Une équipe conquérante, la France, qui mène très vite. On se dit alors que le match est plié, que cette Argentine sans allant offensif va boire la tasse. Mais le football n’est pas une science exacte et il est fait de coups de théâtre et de retournements. C’est ce qui fait sa beauté.
Comme cela s’est souvent passé au cours des derniers mois, l’équipe de France a commencé à ne pas savoir quoi faire de sa victoire annoncée. Elle a reculé, elle n’a pas « tué » le match et les Argentins ont peu à peu relevé la tête. Dans ce genre de situation, l’entraîneur est démuni. Il peut hurler ses consignes, cela ne change rien.
La dynamique s’inverse et l'équipe adverse obtient l'égalisation. Celle de l'Argentine était logique. Et soudain, c’est un autre match qui a commencé alors que la première mi-temps n'était même pas terminée.
Passons à la deuxième période : l’Argentine marque rapidement un deuxième but et là, on se dit que l’affaire est pliée. Que la France va se mordre les doigts de ne pas avoir cru en ses chances. Que l’Argentine fait vraiment partie de ces équipes tueuses qui ne renoncent jamais. Et là, nouveau changement dans le scénario.
Loin de sombrer, les Bleus démontrent un sang-froid et un caractère qu’on ne leur connaissait pas. Egalisation par Pavard (l’un des plus beaux buts de cette compétition sinon le plus beau) puis un et deux autres buts de Mbappé (oui, d’accord, on se calme du côté d’Alger, on va finir par le savoir que sa mère est algérienne…).
Mais l’ascenseur émotionnel est loin de s’arrêter puisque vient un dernier but des Argentins qui, s’il avait été suivi par un autre, aurait mené aux prolongations. Quel scénario... Quel match !
On reviendra sur l’équipe de France et ses chances pour la suite (Après cette victoire, avec Benzema dans le groupe, nous l’aurions déclarée invincible…).
Revenons juste sur l’Argentine. Quelle honte que la composition de cette équipe. On ne sait pas si c’est l’entraîneur ou Lionel Messi qui en sont les responsables. Une chose est certaine, il s’agissait d’une insulte au jeu offensif et à l’identité de jeu argentine. Perez, Marcado, Rojo, Pavon et Banega : une belle palanquée de bourrins utiles pour aller jouer un match de qualifications en plein hiver à Bogota ou à La Paz mais pas pour briller en Coupe du monde.
A Barcelone, Messi a toujours bénéficié du talent des Iniesta, Xavi, Busquets ou Rakitic. Avec l’équipe d’Argentine, le prodige est resté isolé. La faute à qui ? Celle de ses entraîneurs qui n’ont jamais pu composer une équipe destinée à le servir au mieux ? Celle de certains de ses coéquipiers qui ont refusé de jouer (totalement) pour lui (Dybala, Icardi, Agüero) ? Et la sienne aussi (et surtout ?) de par son refus d’accepter que d’autres joueurs puissent lui faire de l’ombre.
L’un des plus grands joueurs de l’histoire du football ne sera jamais champion du monde. Ce n’est pas la première fois que cela arrive (Cruyff, Platini, Francescoli, …) mais l’Argentine n’a pas tout donné pour lui offrir ce titre.