Un slogan concernant cette nouvelle technologie pourrait être « le futur est déjà là ». Il s’agit de la cinquième génération de téléphonie mobile, appelée plus communément 5G. Alors que certains pays en sont encore à la troisième génération (3G) et qu’ils commencent à peine à passer à la 4G, les grandes puissances économiques se préparent au big-bang de la nouvelle génération qui permettra d’augmenter la vitesse de connexion et de transmission. La 5G, c’est effectivement de 1,4 giga-octets par seconde (Go/s) à 4,5 Go/s soit un débit vingt fois plus rapide que la 4G. Mieux, des articles parient déjà sur un débit encore plus impressionnant de 10 à 15 Go/s à moyen terme.
La Chine en pointe
La 5G ne va pas simplement bouleverser le quotidien des particuliers avec des applications internet plus puissantes et une connectivité encore plus étendue. Elle va coupler le web aux objets dit intelligents ou encore les objets mobiles. Exemple, les voitures sans conducteurs, les drones, les robots. Autrement dit, la 5G associée à de nouvelles techniques liées à l’intelligence artificielle est susceptible de provoquer une nouvelle révolution industrielle sans que l’on sache où tout cela mènera l’humanité.
A cela s’ajoute aussi le fait que la 5G nécessitera un grand nombre d’antennes relais et que cela veut dire une multiplication des radiofréquences et des champs électromagnétiques. Le plus prudent serait de faire des tests et de vérifier l’innocuité de ces champs et ondes que l’on soupçonne pourtant de provoquer des cancers. Oui, mais voilà. Le marché est énorme. Plusieurs centaines de milliards de dollars sont en jeu. Et la bagarre et les grandes manœuvres ont déjà commencé.
Un équipementier brigue la place de champion du monde de la 5G. Il s’agit du groupe chinois Huawei, dont les équipements de 4G lui confèrent déjà le deuxième rang mondial de vendeur de téléphones intelligents (« smartphones »). Huawei est aussi le premier fabricant planétaire d’antennes pour la téléphonie mobile et ses ventes devraient exploser avec le développement de la 5G.
Oui, mais voilà : de nombreux pays occidentaux ne veulent pas de la technologie chinoise. Ou, plus exactement, de nombreux gouvernements occidentaux sont inquiets à l’idée que leurs réseaux de 5G dépendent de la Chine. C’est le cas des Etats-Unis entrés en confrontation directe avec Pékin avec l’arrestation, il y a près de deux mois, de la n°2 de Huawei alors qu’elle faisait escale à Vancouver au Canada.
La justice américaine demande son extradition au prétexte que la compagnie chinoise n’aurait pas respecté les sanctions imposées à l’Iran. En réalité, Washington cherche à affaiblir Huawei dont il ne veut pas comme équipementier pour sa 5G.
Quel choix pour l’Europe ?
Il y a quelques jours les services secrets norvégiens ont mis en garde leur gouvernement contre tout choix de Huawei pour la 5G, estimant que cela rendrait vulnérables la protection d’un certain nombre d’informations sensibles.
Ici ou là en Occident, on reproche ainsi à Huawei sa trop grande proximité avec le gouvernement chinois. C’est oublier dans la foulée que les firmes de Silicon Valley travaillent souvent main dans la main avec les autorités américaines. La réalité est que la bataille est surtout commerciale car où que l’on soit, en matière de technologies de la communication, il n’y a pas d’indépendance à l’égard des pouvoirs politiques.
Dans cette affaire, l’Europe qui a du mal à développer sa propre technologie de 5G voit donc se profiler trois options délicates : un, elle s’appuie sur les Etats-Unis (et en dépend) ; deux, elle acquiert une technologie chinoise au risque de se fragiliser (et d’irriter Washington) ; trois, elle développe sa propre 5G mais paie le prix de son retard technologique en la matière. Car, comme indiqué en début de chronique, la 5G c’est pour 2019 avec une montée en puissance dès 2021.