Au fil du mondial

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La loi de la « faute inutile à la fin du match »

Le football obéit parfois à des lois empiriques, implicites. Ainsi, celle de « la faute inutile à la fin du match » qui amène un but.

Explication : il ne reste pas beaucoup de temps et un joueur commet une faute inutile (oui, il existe des « fautes utiles ») à proximité de son propre but. Et la sanction tombe immédiatement : coup-franc pour l’adversaire et but.

Cette règle s’est vérifiée à deux reprises au cours de la deuxième journée du mondial russe.

D’abord, pendant le match Egypte – Uruguay (0-1). A la quatre-vingtième minute, le défenseur Mohamed Abdelshafy commet une faute inutile sur José Gimenez lequel ne pouvait guère être dangereux du côté du corner gauche. Coup franc et but de la tête de… José Gimenez.

Ensuite, pendant le match Portugal – Espagne (3-3). Il ne reste pas longtemps à jouer. L’espagnol Gerard Piqué fait une faute inutile sur Cristiano Ronaldo. Coup franc magique de CR7 et but.

La fatigue et le manque de lucidité expliquent, en partie, ce genre de bêtise qui se paie toujours cash.

Ce sport si injuste

La défaite du Pérou face à une bien mièvre équipe danoise (exception faite pour son gardien de but) nous rappelle deux autres caractéristiques du football : D’abord, il y a le fait que ce sport est injuste car le meilleur, le plus spectaculaire ou le plus talentueux, n’est pas toujours celui qui gagne.

Le Pérou a dominé, combiné, tenté de belles choses (cette talonnade qui aurait pu se terminer en but !) mais… il a perdu. Il n’a même pas obtenu de match nul, ce qui aurait été un moindre mal.

Ensuite, deuxième loi implicite qui s’applique souvent : quand on ne marque pas, on en paie toujours le prix. Gâcher un nombre important d’occasions se paie souvent cash par un but inattendu de l’adversaire. Et c’est ainsi que l’on regrette chèrement les occasions vendangées.

Le Pérou va devoir battre la France pour espérer se qualifier. Impossible n’est pas péruvien mais tout de même…

Joie par procuration

On dit souvent, et à raison, que le football peut être le vecteur des pires sentiments chauvins et nationalistes. C’est aussi une belle diversion pour tous les pouvoirs politiques, autocratiques ou pas.

Mais il y a aussi des choses plus positives et plus surprenantes. L’extraordinaire victoire du Mexique contre l’Allemagne a ravi des millions de spectateurs. On peut comprendre la joie incandescente des Mexicains qui espèrent que cette année sera la bonne pour que la « Tri » aille au-delà des huitièmes de finale.

Mais attardons-nous aussi sur la joie des « autres », de celles et ceux qui n’ont rien à voir avec le Mexique mais qui ont hurlé après le but mexicain. Celles et ceux qui ont jugé que les minutes défilaient trop lentement jusqu’à la fin de la rencontre. Une joie par procuration. Intense.

L’espace d’une rencontre, on « est » mexicain comme certains ont pu être islandais (1-1 contre l’Argentine). On vibre aussi fort. Bien sûr, au coup de sifflet final, les choses reviennent à la normale. Alors que la folie s’empare des rues de Mexico, on souffle, on éprouve un vague contentement et on passe au match suivant. Mais il n’empêche : l’émotion fut intense.

Dire que cette joie par procuration est due au fait que l’on prend naturellement parti pour le plus faible est vrai mais réducteur.

On peut aussi soutenir une équipe parce que l’on n’aime guère celle qui joue contre elle (exemple : l’Allemagne ou la rancune tenace envers elle de millions d’Algériens… cf. 1982), ou parce que l’on aime guère le régime du pays que cet adversaire représente (ah, cette satisfaction devant la « yedouilla » – 5 buts à zéro, soit autant que les cinq doigts de la main – des joueurs russes face aux saoudo-wahhabites…).

On peut aussi soutenir telle ou telle équipe étrangère parce que l’on n’a rien à se mettre sous la dent chez soi. Tout cela est vrai, mais la magie du football, c’est qu’elle permet d’oublier, l’espace d’un match, qui on est et d’où on vient. Les frontières sont abrogées, les distances raccourcies.

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