La fréquence des attentats évolue en fonction de deux grandes catégories de facteurs. Il y a d'abord les efforts de ceux qui font en sorte que ces attaques soient de plus en plus difficiles à commettre. Leur travail porte indiscutablement des fruits. Ecoute, arrestations préventives, et même peine de mort sous les bombes, contrecarrent très évidemment un certain nombre d’entreprises.
Mais nos hommes politiques, qui devraient faciliter la tâche des hommes de sécurité, et, en gérant le second facteur, œuvrer à réduire le nombre de ceux qui ont envie de surmonter le défi, font pour leur part de terribles contre performances. L’espoir a certes été fugitivement entrevu de voir "un jeune président”, avide de changement, nous sortir de cette impasse.
Allait-il introduire dans notre perception nombriliste et unilatérale du “mal terroriste" un peu de profondeur historique, une dose de politique, ou simplement un zest de bon sens ?
Las, une telle éventualité s‘est vite retrouvée au rayon des espoirs déçus. Au Mali, le problème se résume à ses yeux à la présence de “terroristes” (...) “qui ne sont rien”. En Syrie, dont le bourreau n’est pas « notre ennemi », plutôt que la majorité des citoyens, ce sont « les minorités » que nous avons pour mission de protéger.
Pour “commémorer un massacre” comme l’a superbement résumé la grande Simone Bitton, « la France a invité un assassin”. Last but not least, après le pitoyable Netanyahu, champion mondial des contre performances humanistes, c’est BHL son fidèle communicateur qui a été célébré à l’Elysée comme l’éclaireur politique qu’il n’a jamais été.
Au sommet de l’Etat, c’est dans l’ornière de la stratégie dérisoire qui combat le terrorisme d’une main et le nourrit de l’autre qu’Emmanuel Macron vient bel et bien de retomber.
Ainsi, la réponse sécuritaire et répressive au terrorisme fait certes qu’il est de plus en plus difficile de commettre un attentat. Mais la contre performance absolue de son traitement politique fait que le nombre de ceux qui sont prêts à relever le défi augmente aujourd’hui de façon exponentielle. Et l’arithmétique de cette relation risque fort de ne pas être en nôtre faveur.