7.382.021.610

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Délaissé mon courtil le temps d’une fugue à la Capitale et au Théâtre des Champs-Élysées où Sir Simon Rattle dirigeait l’Orchestre de l’Age des Lumières dans l’Ouverture Tragique de Brahms et la tout en charme et optimisme sixième symphonie d’Anton Bruckner, cette "petite effrontée" comme la surnommait lui-même son auteur.

Merveilleuse soirée culturelle s’il en est. Qui s’est hélas trouvée gâchée, pour un vieux bougon de la campagne, par les habituels tracas urbains ! Bus cahotant, trottoirs chahutés, métro bondé et malodorant et taxis de nuit grognons. Nicolas Boileau posait déjà la question de qui frappe l’air, bon Dieu, de ces lugubres cris.

On pourrait en ajouter une autre aujourd’hui. Comment les citadins peuvent-ils vivre ainsi, bousculés sans cesse par des congénères toujours pressés, chevillés à leur téléphone portable et indifférents à leur environnement ? En réalité, tous ces désagréments dont ils semblent par ailleurs s’accommoder avec beaucoup de philosophie sinon même avec gourmandise, proviennent d’une trop grande concentration d’habitants au mètre carré.

On sait qu’Homo Sapiens est un animal grégaire qui aime à se regrouper comme aux époques préhistoriques où ses prédateurs étaient particulièrement agressifs et dangereux. Rares sont aujourd’hui les loups, les tigres ou les crocodiles à hanter les rues et les parcs publics. Mais ce corpus comportemental est si profondément ancré dans ses gènes, qu’il produit toujours ses effets. Et l’augmentation exponentielle de la population sinon même sa prolifération sur la toute la surface du globe devient à son tour un facteur aggravant.

Selon les démographes, nous étions environ 7.382.021.610 humains sur la planète Terre le dimanche 1er mai 2016 à 7h28‘15". Et ce chiffre est en hausse constante ! La cause ne serait pas seulement due à une copulation plus fréquente ou plus productive qu’autrefois. Elle tiendrait surtout à une meilleure alimentation (toutes les mères de famille ne font pas leurs courses au supermarché "hard discount") et à une meilleure hygiène (même si tout le monde ne gaspille pas ses 80 litres d'eau potable par jour pour une douche ou un bain). Associées à une heureuse baisse de la mortalité infantile et à un agréable allongement de la durée de vie des vieux, elles provoquent le désastre actuel.

Mais la nature ne manque pas de ressources. Si ce pullulement échevelé venait à mettre son existence en péril, elle ne manquerait pas d’y remédier. Certes l’homme y travaille déjà lui-même en organisant par-ci par-là des guerres et des massacres toujours plus meurtriers. Grâce à lui également, le climat a pu mettre au point un réchauffement atmosphérique qui devrait, à terme, influer sur l’habitabilité de certaines régions et en limiter le peuplement. Avec quelques bonnes grippes espagnoles ou autres épidémies que nos scientifiques ne pourraient éradiquer tant elles seraient virulentes, tout espoir n’est donc pas perdu de ralentir sinon même d’infléchir cette expansion extravagante.

D’autant plus que la nature conserve par devers elle un atout considérable répondant au doux nom de toxoplasma gondii. Ce charmant parasite à l’origine de la toxoplasmose infecte un bon tiers de l’humanité depuis que les chats, qu’ils se nomment César, Zouzou ou Grisette, occupent en maître les chaumières, les palais et les appartements.

Or, selon une étude de l’équipe pragoise du professeur Jaroslav Fiegr, les femmes porteuses de l’envahisseur mais disposant des anticorps adéquats donneraient de préférence naissance à des petits mâles plutôt qu’à des petites femelles. Et selon un ratio relativement élevé de 150 garçons pour 100 filles au lieu de la moyenne de 104 contre 100. Ce qui implique que la diminution du nombre de femmes conduira inéluctablement un jour ou l’autre à une diminution des naissances.

Ce qui permet d’espérer un infléchissement notoire de la courbe fatidique. Mais sera-t-il suffisant pour permettre à nos cités de retrouver le calme campagnard d’antan ? Voilà qui laisse malgré tout bien des choses à penser.

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