La grève des fonctionnaires, épisode-clé de la lutte pour la souveraineté nationale

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La situation actuelle, avec le conflit entre le gouvernement et l’UGTT, est riche en enseignements divers.

Tout d’abord, et malgré les pseudo-analystes qui y voient une manœuvre de Caïd Essebsi, on est sorti des marchandages et manipulations de toutes sortes qui ont accompagné, ces dernières années, les luttes intestines pour le pouvoir d’individus et de factions qui n’avaient aucune proposition positive pour le pays.

Ceux qui ont pris le pouvoir après la révolution ont montré qu’ils étaient mus par des enjeux égoïstes : rétablir le fonctionnement de l’ancien régime, mettre sur pied une sorte de monarchie héréditaire, rétablir la toute puissance d’un parti du genre RCD, assurer le financement de son propre maintien au pouvoir en encourageant trafiquants et corrompus,.., en un mot essayer de mettre un terme à la révolution par tous les moyens.

Ensuite, par le recours à l’autorité du FMI, le gouvernement de Youssef Chahed a publiquement dévoilé les liens qui, par force, rattachent tout pouvoir incapable de réfléchir à des formes originales de développement aux forces les plus autoritaires de l’impérialisme mondial : par cette démonstration, il confirme que le Tunisie est en voie de devenir un protectorat des puissances qui sont derrière la « mondialisation ».

La lutte menée aujourd’hui par l’UGTT pour l’amélioration des conditions de vie des fonctionnaires a objectivement dépassé le stade d’une lutte revendicative pour prendre un caractère politique de lutte nationale, pour le maintien ou la restauration de la souveraineté nationale. Ce caractère national de la mobilisation des fonctionnaires ne peut qu’être soutenu et approuvé largement, d’autant plus que :

a) Les Tunisiens sont de plus en plus conscients de l’influence des décideurs étrangers dans le pays.

b) Les fonctionnaires, ossature de l’État, voient, dans la dégradation de leur situation matérielle et dans les encouragements au secteur privé, une nouvelle preuve de la marginalisation de l’État tunisien et donc de leur utilité.

En se plaçant résolument à la tête de ce combat, la centrale syndicale est fidèle à ses choix habituels : sauvegarder sa propre existence et l’autonomie du syndicat à chaque fois que cette autonomie est menacée, comme c‘est le cas aujourd’hui où elle apparaît à Ennahdha comme la seule organisation capable de lui barrer la route : les appels, maintenant incessants, de Taboubi à participer aux élections, l’intérêt ouvertement porté pour les décisions d’ordre politiques, comme la critique de la toute puissance en Tunisie du FMI, tout porte à croire qu’il va s’insérer un nouvel élément de poids dans la compétition électorale de 2019 : l’intervention directe ou indirecte de l’UGTT qui fait planer un réel danger sur les résultats des nahdhaouis aux prochaines élections, sans parler des autres partis, les uns et les autres affectés très sérieusement par la perte de crédibilité de tous les partis politiques.

En engageant une lutte pour la satisfaction des revendications des fonctionnaires aujourd’hui, des autres catégories de travailleurs par la suite, pose objectivement la question de la poursuite de la révolution, celle de la définition et de la mise en œuvre d’un autre modèle de développement basé, non pas sur le soutien et la protection des nantis (quelle que soit l’origine de leur richesse) mais sur la souveraineté nationale assurée par la mobilisation populaire."

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