Ô Marrakech que je meure si je t'oublie !

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Au commencement ce fut le père qui s'y installa, c'est là qu'il élit domicile définitif, dernière étape de son exil.

Nous y vinrent tous, les uns après les autres. Certains s'y fixèrent, d'autres s'éparpillèrent au travers du Maroc et en Europe quelques uns rentrèrent en Tunisie puis le père mourut. Il fut enterré là ou il voulut ; à Marrakech, dans un cimetière palmeraie loin de sa Douz natale, loin de ses compatriotes tunisiens, près de ses frères d'adoption marocains.

Notre ville fétiche devint dès lors pour nous une ville sanctifiée. Au fil du temps, année après année, nous nous réunirent autour de la tombe du patriarche entre marocains et tunisiens, entre frères et sœurs, pour saluer la mémoire du père disparu et rendre grâce à la ville qui nous a unis et qui nous réunit.
Marrakech .... Marrakech si je t'oublie ! Notre ville icône, notre ville fétiche !

Marrakech la ville ocre et rouge si verte et si verdoyante, Marrakech si enracinée dans l'histoire et si moderne, chantée par poètes et troubadours, la ville à nulle autre pareille.

Marrakech, Marrakech si je t'oublie ! La ville où l'orient est si présent, l'orient fabuleux, l'orient fantasmé, l'orient des péplums hollywoodiens mais encore plus : Marrakech des murailles interminables, des lourdes et géantes portes, des riads et palais, des médrassa et des mosquées, des ruelles inextricables, des souks à nuls autres comparables même pas à ceux d'Alep, avant leur destruction.

Marrakech, si j'oublie les Marrakechi, mes frères, mes amis (e), mes condisciples si accueillants, si hospitaliers, leur accent, leur verve et leur jovialité.

Marrakech si je t'oublie, si j'oublie la tombe de mon père.

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