La zone démilitarisée (DMZ) qui fait office de frontière entre les 2 Corée est à 60 km au Nord de Séoul. Cette zone de 4 kms de profondeur court sur toute la largeur de la péninsule Coréenne, soit 247 kms d’Est en Ouest.
Panmunjum, au centre du JSA (Joint Security Area) et le seul point de contact et de passage au milieu du no-man’s-land. C’est l’endroit où a été signé l’armistice entre d’une part la Corée du Nord et l’allié chinois et d’autre part les nations-unies, l’organisme derrière lequel s’abritaient les États-Unis, alliés des Sud-Coréens.
Ce ne fut pas un traité de paix et les belligérants sont, techniquement encore aujourd’hui, en état de guerre. L’absurdité de ce conflit extrêmement meurtrier a été de ramener les différentes parties au point de départ, c’est-à-dire le 38 parallèle, la ligne de démarcation entre Américains et soviétiques lors de la capitulation japonaise en 1945.
Pour y aller il faut au préalable s’inscrire auprès d’une agence habilitée, se prêter de bonne grâce à une quantité de contrôles et de vérifications tout au long du trajet, où l’on vous répète à chaque fois tous les interdits et mises en garde, pas de photos sauf ici et là, pas de gestes inconsidérés pas de provocations, rester dans le rang et en ligne… une atmosphère pesante à la hauteur de l’endroit.
La visite vous emmène voir « le pont de la liberté » où des prisonniers et des flots de réfugiés sont passés, le fameux tunnel 3, creusé par les nord coréens et découvert longtemps après à la suite de la défection d’un transfuge nord-coréen.
Des postes d’observations vous permettent de voir aussi loin que porte le regard la Corée du Nord ; rien à signaler…un village où il n’y a pas âme qui vive, un mât de drapeau et c’est tout.
Le plus extraordinaire est cette zone démilitarisée, ce corridor de 4 kms, vide sans aucune présence humaine, rendu à la nature depuis déjà plus d’un 1/2 siècle, un paradis pour la diversité, un sanctuaire pour les animaux, une vraie réserve naturelle. Et puis la déprimante station Dorasan, une gare clinquante, neuve, construite au moment du réchauffement des relations intercoréennes et fermé aussitôt au gré des humeurs.
Le clou de la visite est indubitablement la « joint sécurité area», l’endroit vu et revu au cinéma dans les documentaires qui vous donne une impression de déjà vu et vous fait ressentir un délicieux frisson celui de la guerre froide.
Les baraquements bleu ciel de L’ONU où fut signé l’armistice sont là, comme au cinéma, les gardes bottés, casqués et immobiles qui se font face de part et d’autre de la ligne de démarcation sont encore plus vrais que dans mon souvenir.
On savoure l’instant partagé entre l’étrangeté des lieux et le souvenir encore présent de la tragédie humaine qui a eu lieu ici, il n’y a pas si longtemps.
De retour à Séoul, L’impression est d’avoir feuilleté une page poussiéreuse de l’histoire, celle de la guerre froide pour être aussitôt après transporte sur une autre galaxie, la modernité qui invente le futur.