Varanazi, plus connue sous son ancien nom de Bénarès est la capitale religieuse de l'Inde et sûrement le site le plus sacré de l'hindouisme.
La tradition fait remonter son origine à la nuit des temps. Envahie, pillée, détruite à plusieurs reprises par les musulmans, construite et reconstruite à plusieurs reprises ; elle est aujourd'hui une énorme métropole d'approximativement 3 millions d'habitants. C'est une ville sainte, consacrée au dieu Shiva, sanctifiée par le Gange son fleuve divin.
Y mourir et surtout y être incinéré est pour l'hindouiste croyant la suprême félicité, l'assurance d'être libéré du cycle sans fin : le cycle des réincarnations que les hindouistes appellent "samsara".
Veranasi c'est d'abord la foule, la cohue affairée et pressante d'une ville grouillante, commerçante et industrieuse. Les rues et ruelles tortueuses et étroites sont encombrées d'étals et de devantures, traversées d'animaux vagabonds et parcourues de cortèges religieux.
En traversant la vielle ville en direction du Gange, vous êtes confronté à tous les stéréotypes de l'Inde éternelle. Le lacis des ruelles dévalant toutes vers le fleuve, voilà enfin la révélation, le coup de massue, le grandiose spectacle : les ghats et le majestueux, le divin fleuve : le Gange.
Les ghats sont ces escaliers qui revêtent les berges du Gange, qui courent sur 7 à 10 km tout au long de sa rive nord. Ces ghats nombreux, plus d'une centaine, sont tous occupés par toutes sortes de gens : des prêtres, des confiseurs, des herboristes, des coiffeurs, des astrologues, des animaux : vaches sacrées et chiens errant et surtout la masse des croyants tout à leur dévotion. Les marches, les escaliers servent à avoir pieds dans les eaux bénites et permettent aux hindouistes de se baigner dans le Gange et d'y faire leurs ablutions.
Certains de ces ghats sont spacieux, aménagés en esplanade pour cérémonie comme pour le plus central d'entre eux "le ghat de Desaswamed" où chaque soir, au coucher du soleil, est organisée la Puja : l'offrande des lumières au Gange. L'autre ghat, aussi fameux que ce dernier, est le "Manikarnika gath" où s'accomplissent les rituels de la crémation.
Du promenoir des ghats,le Gange s'écoule en dessinant un croissant majestueux avec, sur son flanc gauche, la ville un peu en hauteur ; la ville avec ses palais aux façades défraîchies, ses innombrables temples et une splendide et énorme mosquée à 2 minarets . L'autre flanc, la rive face aux ghats, est déserte, inhabitée. Le Gange est traversé de barques de toutes sortes, chargées de bois pour les crémations, d'autres de brahmanes qui s'apprêtent à lester des cadavres pour les enfouir dans l'eau et enfin les légions de touristes voyeurs.
Les eaux du Gange, un peu boueuses, un peu opaques, surtout près des ghats, charrient des quantités invraisemblables d'eaux usées, de restes de crémation, d'animaux crevés, de cadavres lestés. La proportion de germes fécaux atteint dans l'eau des chiffres effarants, 20.000, 40.000 fois les limites supérieures autorisées. Kipling, du haut de sa morgue britannique, aimait dire que même un microbe hésiterait à y plonger le petit orteil et pourtant on s'y baigne, on se gargarise et on boit des gorgées de l'eau céleste.
Le Gange, c'est à l'aube qu'il faut embarquer, entre brume et rougeoiement du soleil levant, c'est à ce moment qu'il faut embrasser du regard tous ces gaths où yogi et sadhu sont déjà à l'œuvre. Le gath de crémation rougeoie de tous ces bûchers, les "intouchables", seuls préposés au feu, officient sans désemparer 24H/24H. Le feu céleste dit-on est éternel ….. Il ne s'est jamais éteint.