Comme toute les métropoles de la démesure, comme toute les mégalopoles asiatiques qui ont connu un développement frénétique Séoul, la ville du tout-voiture se rêve en ville durable, verte, respectueuse de ses piétons et où l’air serait respirable.
Il est vrai que cette ville dévastée au sortir de la guerre inter-coréenne où rien n’avait subsisté et où tout était à refaire avait orienté sa reconstruction en fonction de l’automobile et de la circulation routière.
Autoroutes interurbaines et viaducs routiers intra-cité sont légions et quadrillent la tentaculaire cité. Les immenses croisements et carrefours sont innombrables et il n’est pas rare de voir des 2x4 voies, des 2x5 voies et des 2x6 voies se croisant dans des ballets de voitures à donner le tournis.
Le corollaire de cette politique du tout-voiture a été la dégradation catastrophique de la qualité de l’air et les récurrences des pics de pollution rendant l’air à Séoul de plus en plus toxique.
Ce n’est que récemment que les autorités à Séoul prirent la mesure de l’ampleur de la catastrophe : 2 projets monumentaux ont été lancés pour endiguer les nuisances de la circulation.
Ces 2 projets : l’un, la requalification d’une autoroute urbaine en une promenade pédestre et végétalisée, l’autre la réémergence d’une rivière enfouie à la place d’un viaduc routier, sont emblématiques de la politique du développement durable de Séoul et constituent 2 fascinantes attractions touristiques.
Le premier projet « Seoullo 7017 » 70 pour l’an de construction du viaduc et 2017 pour celui de l’inauguration du projet abouti, est une prouesse.
Après avoir consolidé le viaduc qui s’affaissait, paysagistes et botanistes se sont démultipliés pour le grand bonheur du promeneur-piéton.
Les dépliants touristiques assurent qu’il y a 24 000 plantes de 228 espèces dans 645 pots avec une multitude de compositions paysagères. Chaque plante possède un code qui renvoie à une fiche détaillée chaque fois que l’on saisit la référence par un banal Smartphone, les bornes WI FI étant partout et la connexion internet d’une extrême fluidité.
L’autre projet, la renaissance de la rivière Chonggyecheun, est un miracle d’engineering.
Tout un pan d’autoroute, construite sur l’enfouissement de tout un bras de rivière a été détruit en 2005. Il a fallu retrouver le lit de la rivière, y pomper de l’eau salubre et aménager des promenades boisées sur une longueur de 6 km. Le site est prodigieusement beau, bucolique et enchanteur.
Dans nos villes dans nos pays au Maghreb, où le parc automobile s’accroit de façon démentielle, où la circulation est chaotique, les responsables en sont encore, avec le peu de moyens à élargir les axes, à construire des voies rapides et de échangeurs, personne ne veut apprendre de l’expérience de Singapour, de Séoul et zapper la case voiture, ses nuisances et impasses pour réfléchir sur les transports du futur.
Seoullo 7017 ou quand Séoul panse les maux du développement et se veut une cité verte et vertueuse.