D'abord, il faut arriver à Capri et y mettre pieds. Au départ de Naples, il faut le temps du ferry et de la traversée de la grandiose baie. Au débarcadère, « Marina grande »il faut se frayer un passage jusqu'au funiculaire pour arriver à Capri proprement dite, village-capitale de l'île qui est en hauteur.
Il faut encore et encore et toujours s'extirper de la foule extrêmement dense qui se compte en milliers et qui représente, dit-on, aux beaux jours jusqu'à 5 touristes pour un habitant.
A Capri il y a le paysage et la nature, l'un et l'autre époustouflants de majesté et de beauté sauvage. Il y a ensuite surtout des sites innombrables qui racontent chacun, qui une histoire qui une légende. Des ruines du palais de Tibere à la "via Krupp", le maître de forge allemand qui laissa à Capri sa réputation, et un énorme scandale qui faillit emporter la dynastie Krupp, à Capri il y'a tant et tant à voir.
Il y’a cependant 2 sites exceptionnels qu’il ne faut manquer sous aucun prétexte…
La maison San Michelle bâtie par un médecin esthète et philanthrope, le suédois Axel Munthe dont l'histoire de la vie se confond avec l'histoire de Capri.
Munthe, outre la superbe villa, aujourd’hui un musée, laissa un livre " le ivre de san Michelle " largement biographique, qui en son temps connut une grande diffusion et qui fut traduit en une multitude de langues.
On tira de l'ouvrage un film, sorti dans les années soixante, qui ne connut qu'un succès confidentiel.
La "casa Malaparte" l'autre site est un joyau conçu et construit par le "tumultueux" écrivain Italien Curzo Malaparte. La villa Malaparte est célébrissime dans les annales de l'architecture. Certains ont pu dire qu'elle est comme une verrue posée sur un piton, elle est en fait une œuvre d'art posée sur une falaise à pic offerte aux vents et aux vagues.
Malaparte la voulait comme lui " la casa come me" c’est-à-dire, extrême et transgressive comme le fut sa vie de militant de l'extrême, entre fascisme révolutionnaire et communisme stalinien.
L'énorme et trapézoïdal escalier qui s'ouvre sur un vaste toit-terrasse traversé du dessin d'une virgule a été magnifié et fixé dans la légende du cinéma par le film de Godart " le mépris ".
Le film sorti en 1963, inspiré du roman de Moravia, « ami et compagnon de route de Malaparte», eut un retentissement considérable.
Tourné avec Michel Piccolli, Brigitte Bardot et où Fritz Lang joue le rôle d'un metteur en scène, le film fut tourné pour l'essentiel dans cette villa et surtout sur le toit-terrasse.
Le film est aujourd'hui considéré par les puristes comme un chef d'œuvre tourné dans un autre chef d'œuvre, son écrin, " la casa Malaparte".
La légende raconte que sur son lit de mort Malaparte laissa sa maison à la république populaire de Chine tout à son admiration pour la geste maoïste.
La réalité est que la villa fut abandonnée et très largement abîmée par les éléments et les intempéries, elle est aujourd'hui restaurée et gérée par une fondation dévolue aux beaux arts et à la recherche architecturale.
En une journée, le temps file et ne suffit pas à visiter pleinement ces sites éloignés les uns des autres et souvent au détour de chemins abruptes et escarpés comme c'est le cas pour la casa Malaparte.
Il faut songer à repartir et à gagner sa place sur le ferry.
Arrive alors l'instant de grâce, où sur le bateau, fendant la mer, Capri, dans le dos et au devant à l'horizon, comme toile de fond au soleil déclinant, le front de mer de Napoli, la splendide baie et le majestueux Vésuve.