Mère Theresa est cette religieuse que tout le monde connaît, qui consacra sa vie au service des plus pauvres d'entre les pauvres de Calcutta. Née en 1910 en Macédoine dans ce qu'était encore l'empire Ottoman, elle s'établit très tôt à Calcutta et y fonda un ordre religieux : "les missionnaires de la charité ".
Sa vie fut une longue suite de dévouement pour la cause des pauvres, des exclus, des personnes marginalisées, des sans-abris. Son image s'est peu à peu associée aux maisons des mourants dans lesquelles elle recueillait toute une humanité misérable abandonnée de tous et qui mourait jusque là sur les trottoirs de Calcutta.
Le mouroir en question, celui des origines, se trouve dans le sud de la ville, dans un quartier populeux et occupe une annexe d'un temple Hindou : le temple de Kali.
Le centre est très modeste. 2 ailes, une centaine de lits, une austérité extrême, des hommes d'un côté des femmes de l'autre, de tous âges, de toutes religions sans distinction avec des pathologies de l'abandon et de la misère extrême. Peu de soins médicaux mais beaucoup de réconfort et la dignité humaine recouverte.
Mère Theresa devint une icône planétaire pour l'action philanthropique. On lui décerna le prix Nobel de la paix en 1979 et elle fut béatifiée puis sanctifiée par l'église catholique après sa mort qui intervint en 1997 à l'âge de 87 ans à Calcutta où elle est enterrée.
Sa tombe est aujourd'hui un lieu de pèlerinage à la maison mère de sa congrégation.
Il y'a hélas un côté en demi teinte dans cette incomparable trajectoire. On reprocha beaucoup à mère Theresa de ne pas avoir cherché à établir des solutions durables au moment où elle bénéficiait de l'écoute des grands de ce monde et où elle collectait énormément de dons et d'argent.
Des jeunes gens de tous les continents qui se sont portés volontaires au mouroir ont laissé des témoignages extrêmement négatifs sur l'absence des soins médicaux les plus élémentaires et le culte de la souffrance, comme si l'objectif n'était pas de lutter contre la pauvreté mais de sauver des âmes.
A sa mort sa congrégation comportait 1500 religieux et religieuses avec plus de 500 centres et missions sur les 5 continents.
Au fil du Gange, à Calcutta dans la maison de Tagore.
Quand on est à Calcutta et quand l'on s'intéresse à la culture bengalie et à l'histoire contemporaine de l'Inde il faut obligatoirement visiter la maison de Tagore.
C'est là, dans cette maison ancestrale devenue un musée et une université, que l'on rend le mieux hommage à ce grand esprit que fut Tagore.
Tagore est le continuateur d'une illustre famille bengali pénétrée de valeurs humanistes et universalistes. Il fut tout au long de la première moitié du 20ème siècle (1861-1941) un homme de tous les engagements et de toutes les causes qui mobilisèrent le Bengale et L'Inde de l'époque.
Il fut un intellectuel d'une exceptionnelle créativité, aux facettes innombrables. Homme de théâtre il fut tour à tour acteur, dramaturge et chorégraphe.
Il a été compositeur de musique et un peintre prolifique. Sa production littéraire fut extraordinairement abondante : recueils de chants, ouvrages de philosophie, de religions, des romans, des nouvelles, des essais, des critiques sociales et politiques.
Il fut surtout un immense poète assurément le plus grand de l'Inde de l'époque et d'aujourd'hui. Il a été couronné par un prix Nobel en 1913 pour "Songs offering"/ Offrandes lyriques qui le révéla au monde.
Homme de paix, panthéiste tolérant, affranchi des tabous de caste, humaniste universaliste, chantre de la nature, ses conceptions sur l'homme, la nature et dieu ont fait dire que son œuvre était un cantique d'amour.
Il est paradoxal et affligeant qu'aujourd'hui, un siècle plus tard, sur les terres de Tagore c'est le retour en force de l'hypernationalisme et du fondamentalisme religieux.
L'état du Bengale et toute l'union indienne sont gouvernés par le Bharatiya janata party (BJP) un parti conservateur hindouiste et ultra nationaliste, ennemi du sécularisme des pères fondateurs de l'après indépendance, ennemi des minorités religieuses et tout particulièrement de la minorité musulmane.
Un des zélotes de ce parti est allé jusqu'à dire que le Taj-Mahal, chef d'œuvre de l'art musulman moghol et symbole éternel de l’amour, n'était pas indien parce que non Hindou. Tagore se serait retourné dans sa tombe, s'il n'avait pas été incinéré le 7 août 1941.
C'était lui qui disait dans son chant, les oiseaux de passage: " Ne pleurez Jamais d'avoir perdu le soleil, les larmes vous empêcheront de voir les étoiles".