Dans une mégalopole ultramoderne comme Séoul barrée de gratte-ciels et quadrillée d’autoroutes intra-cité où tout respire la modernité et l’avant-gardisme, les palais royaux, au nombre de 5, sont autant d’ilots d’un passé suranné, religieusement préservé.
Ces palais sont le témoin vivant de la grandeur des temps passés, celui des dynasties qui ont gouverné la Corée et auxquelles les Coréens sont très attachés.
L’explication de cette adhésion, de ce réflexe identitaire si fort, a beaucoup à voir avec l’histoire tumultueuse de la Corée.
Plus que de la Chine, les Coréens ont toujours eu à souffrir du Japon qui s’est constamment posé pour eux et tout le long de leur histoire en un ennemi implacable convoitant âprement leur terre.
Les Japonais, après des incursions tout au long de l’histoire, ont occupé la Corée de 1910 jusqu’à leur défaite en 1945. Le militarisme japonais imposa à la Corée un des régimes de colonisation les plus implacables et des plus cruels, destituant le dernier roi, exterminant les élites et réduisant le peuple coréen presque à l’état de servage au service de l’impérialisme nippon.
Tout le monde se souvient, le problème étant encore d’actualité, de l’histoire des «femmes de réconfort », ces jeunes femmes coréennes raflées par l’occupant japonais pour servir de prostituées pour les garnisons japonaises pendant la Seconde guerre mondiale.
Les palais royaux eurent beaucoup à souffrir des japonais qui démolirent certains, dénaturèrent d’autres et transformèrent même l’un d’entre eux en zoo.
Le palais de Gyeongbokgung, le palais de « la sereine harmonie », le plus beau et le plus grand fut brûlé par les japonais en 1592 et très endommagé en 1910 par la soldatesque japonaise.
L’état Coréen à partir des années 2000 prit sur lui de raser ce qui restait de ces édifices et de reconstruire à l’identique le plus scrupuleusement et le plus minutieusement du monde les 5 palais royaux ainsi que les vestiges de la muraille d’enceintes de Séoul et les 2 dernières portes qui restent.
Ces monuments sont aujourd’hui des îlots de splendeur, objets de fierté des Coréens et le point de mire des touristes de tous les horizons.
Les Coréens, très nombreux à visiter ces palais, semblent faire un pied de nez à « l’ennemi héréditaire japonais » à l’égard duquel le ressentiment reste très fort.
Il est vrai aussi que les Japonais abandonnent peu à peu leur morgue à l’endroit des Coréens et spécialement les Sud-Coréens depuis que ces derniers se posent par rapport à eux en vrais rivaux économiques et technologiques.