Le fiasco de la soi-disant consultation populaire, en dépit des efforts déployés par l'Etat et ses relais pour amortir un tant soit peu le choc dû à cet échec et l'imputer comme d'habitude à un complot ourdi par des extra-terrestres, est le fiasco d'un putsch qui au fil des jours et des mois a révélé son caractère fasciste et policier.
Que le nombre des participants à cette farce atteigne aujourd’hui les 500.000 ou même le million, cela devra être vécu comme un camouflet par Kaïs Saied, d’autant plus que pour atteindre ce chiffre modeste, L’Etat, comme au bon vieux temps de la dictature, a mis en branle sa machine administrative, a réquisitionné tous les moyens disponibles, licites et illicites, s’est servi des deniers publics et , d’une manière lamentable, digne d’une république bananière, a abaissé l’âge des participants à seize ans, bien en-dessous de l’âge légal du droit de vote…pour peu que le naufrage soit moins traumatisant…
Sur les huit millions et demi d’électeurs potentiels que compte la Tunisie, huit millions ont boudé l’initiative présidentielle, ce qui ma foi, aurait dû le conduire à démissionner puisqu’il voulait conférer à cette consultation un caractère plébiscitaire et presque référendaire…
Cet échec cuisant était prévisible car l'actuel hôte de Carthage n'a pas compris que le vote plébiscitaire dont il a bénéficié pour devenir président était un vote utile, en effet, une très grande majorité des électeurs l'a choisi pour barrer la route à Nabil Karoui et quiconque aurait affronté Karoui au second tour l'aurait battu à plate couture .
Pourtant, il y a de nombreux indices qui auraient dû l'alerter: les deux ou trois fois où ses sympathisants ont été appelés à manifester pour l’assurer de leur soutien …ce fut un fiasco, ils étaient d'une part très peu nombreux et d'autre part enrôlés par quelques rabatteurs pour rejoindre les manifestations.
Ensuite, les sondages, bien que douteux et équivoques, ne sont guère rassurants, en perte de vitesse depuis le 25 Juillet, sa cote de popularité fond comme neige et c'est d'autant plus éloquent quand on sait que 70% des personnes sondées sont soit indécises et n'expriment aucune opinion soit complètement indifférentes .
Ce régime illégal et illégitime ne dispose d'aucune base populaire, il est soutenu uniquement par deux béquilles, les mêmes sur lesquelles s'est appuyé Ben Ali: les forces de l'ordre et les lobbies mafieux et opportunistes…
En réalité, ce régime rassemble les vaincus de la Révolution de 2011 ainsi que les forces syndicales et politiques hostiles non seulement à Ennahdha(c'est devenu un exutoire, un prétexte)mais à tout processus démocratique…
Le Watad, parti sectaire d’extrême-gauche et compagnie ont été par le passé les nervis du régime de Ben Ali, ils n'ont aucune assise populaire et leur seule ambition est de recevoir un macaron de récompense de tout dictateur qui leur octroie quelques petits privilèges…
Bref, cette consultation qui devait légitimer le putsch l'a dépouillé aujourd'hui de toute légitimité, un coup d'Etat étant par définition impopulaire, il ne pouvait pas durer dans le temps sans susciter , nous sommes en 2022, un grand mouvement de contestation.
Les jours du putsch sont comptés, car la crise sociale et économique a besoin de réponses urgentes et efficaces , or, ce Président n'a qu'une seule obsession : être couronné roi et monarque absolu….