Moez Ben Gharbia lance un pavé dans la mare infecte et nauséabonde de la politique tunisienne.
Mais c’est un gros pavé, dont cet homme, proche de Ben Ali, de sa camarilla, de ses courtisans et des réseaux d’influence mafieux dont il a été pendant longtemps le relai médiatique, sait pertinemment l’impact, les retombées et probablement les fâcheuses conséquences sur de nombreux hommes politiques à qui il a fait subtilement allusion le long de cet aparté ou de ce soliloque !
Ce qu’il dit est extrêmement grave et ne peut pas être passé sous silence !
Il accuse, même si c’est en termes couverts, voilés, l’Etat et des services secrets étrangers (probablement libyens, algériens et français) d’être les commanditaires des meurtres de Chokri Belaïd, Mohamed Brahmi, Socrate Charni, Faouzi Ben Mrad et Tarak Mekki.
Certes, il reste discret sur les détails, les motivations et ne présente pas de preuves révélant une implication directe et active de telle ou telle partie. D’une façon sommaire, malgré la voix résolue et les accents trop étrangement sincères, il nous décrit, versant souvent dans le tragique, une Tunisie gouverné par des réseaux criminels et mafieux, des lobbies sinistres, sans vergogne et sans scrupules, capables des actes les plus odieux et des trahisons les plus abjectes.
Indépendamment des supputations, des hypothèses, de nos positions respectives, ce qu’affirme ce journaliste, propriétaire d’une chaine de télévision, mérite l’attention du parquet et de la justice tunisienne.
Une enquête doit être immédiatement diligentée au vu de la gravité des accusations ou des insinuations.
Pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi pas hier ou avant-hier ? A quel jeu joue-t-il ? Pourquoi est-il resté silencieux alors qu’il possédait, selon ses dires, des preuves tangibles quant à l’implication de l’Etat et de services secrets étrangers (libyens, algériens, français, américains ???) dans les assassinats politiques passés ou récents ?
Cherche-t-il, au profit de ses vieilles accointances, de ses saints protecteurs ou de quelque politicien aventurier et pressé d’en découdre avec ses rivaux (suivez mon regard) à semer la zizanie dans un pays de plus en plus divisé, de moins en moins solidaire et profondément affaibli par les querelles politiques et idéologiques ?
Le moment serai-il devenu opportun afin de jeter de l’huile sur le feu et de précipiter le pays dans le chaos en espérant qu’un sauveur providentiel hérite des vestiges d’un Etat laminé et fragilisé par cette guerre ignoble entre prédateurs affranchis de toute morale, ploutocrates dévergondés et oligarques asservis à leurs besoins impérieux de dépecer comme de vulgaires charognards « la proie Tunisie ».
Il est permis de douter de sa sincérité car l’homme n’est ni crédible ni en odeur de sainteté, c’est un flibustier dont le mercenariat journalistique n’est plus à prouver.
Néanmoins, je ne l’imagine pas ingénu à ce point, pour peu qu’il l’ait été un jour, jeune et ambitieux, franchement hostile envers nombre de ses confrères dont le succès ou la popularité l’ont rendu aigri, jaloux et férocement haineux à leur égard, Ben Gharbia, à moins d’être sot, est conscient que ses accusations ne laisseront indifférents ni l’opinion publique ni la justice et que s’il n’apporte pas les preuves dont il dit disposer, les représailles, justement en termes de justice, seront lourdes, très lourdes et qu’elles mettront prématurément fin à une carrière déjà mal entamée et qui risque de se clore sur un scandale aux proportions aussi démesurées que ses aveux ou déclarations.
Parce qu’il n’est pas sot, j’estime que Ben Gharbia en crachant le morceau, n’a pas négligé sa sécurité personnelle, et qu’il ne s’exposerait pas à un tel danger, s’il ne savait pas protégé par ceux qui empêcheront qu’il soit occis et qui avaient intérêt à ce que Ben Gharbia avoue ce qu’ils savent et ce qu’il était censé ignoré !
Je ne pense pas que ce soit par souci de buzz, parce que s’il ment, il s’attirera les foudres de Zeus et de ses acolytes, il aurait trouvé une idée moins périlleuse pour faire parler de lui ou de sa chaine !!!
Que Ben Gharbia soit l’instrument de quelqu’un de très vindicatif et d’extrêmement pervers, c’est un fait, mais qu’il soit un fabulateur, un hâbleur, un mythomane, un fou furieux, un dérangé du ciboulot, j’ai mes très bonnes réserves !
On en saura plus dans les jours qui viennent, cette fois-ci, les risques d’un grand séisme politique sont réels.