Dans les pays démocratiques, quand le système est confronté à une crise politique et que celle-ci débouche sur des tractations pour la formation d'un nouveau gouvernement, la tradition veut que des négociations et des consultations soient conduites par les institutions concernées en vue de trouver une issue à la crise.
Ces consultations cherchent à déterminer s'il y a une majorité parlementaire possible et disponible, si celle-ci peut se former dans des délais raisonnables, et si cette majorité existe, elle doit désigner la personne chargée de former le gouvernement...Ce que j'entends par là, c'est que les consultations, qu'elles soient longues ou brèves, obéissent à un seul souci: le compromis nécessaire pour trouver une majorité parlementaire susceptible de gouverner.
Par contre, s'il n'y a ni consultations préalables, ni négociations, ni compromis et que la décision revienne à une seule personne dont on ignore les intentions, et que cette personne ne soit pas dans la logique du compromis mais dans la logique de l'affrontement, d'autant plus qu'elle ne cache pas son mépris du régime parlementaire et qu'elle semble plutôt séduite par l'idée d'un retour vers un régime présidentiel parce qu'elle se sent un peu à l'étroit dans son costume actuel, alors, il y a lieu d'être sceptique quant au choix qu'elle va opérer, qui, vraisemblablement, s'inscrit dans une logique d'affrontement avec le parlement ,ou du moins avec les partis vainqueurs des élections législatives, et dont l'issue sera vraisemblablement l'accroissement des tensions politiques et l'aggravation de la crise elle-même....
Saied n'est pas dans le dilemme, il est dans la certitude: ils vont être contraints d'accepter mon choix, fût-il discutable, de crainte d'élections législatives anticipées...Et je choisirai quelqu'un qui me soit reconnaissant et qui se plie à ma volonté au détriment de la leur...Le vrai dilemme est transféré ainsi à l'ARP: torpiller l'initiative présidentielle et aller vers des élections législatives anticipées ou avaler la pilule amère et attendre patiemment de reprendre la main et d'ôter au Président ce privilège.....
Ce qui m'inquiète le plus, ce n'est pas le choix du Président, mais bel et bien les vraies intentions du Président dont je doute de plus en plus des convictions démocratiques....
Et quand le sage montre la lune, ce n'est pas la peine que l'idiot se concentre sur le doigt !!!!
Bizarre, j’ai dit bizarre !!??
Il est en effet étrange qu'un Président de la République soit aussi loquace en termes de "complots" et de menaces contre l'Etat et la République, et qu'il en parle et fréquemment dans les lieux les plus inopportuns « casernes et ministère de l'intérieur » comme si l'intervention de l'armée ou des forces de la sécurité intérieure était suggérée ou souhaitée…
C'est d'autant plus bizarre quand le Président s'obstine à affirmer qu'il est au courant de tout sans que cette "connaissance" ne soit accompagnée de mesures en vue de neutraliser "les prétendus comploteurs" dont on ignore l'identité, hormis le fait qu'ils œuvrent de concert avec des puissances étrangères....
Si la trahison est établie, avec preuves à l'appui, et si les comploteurs sont connus, qu'est-ce qui empêche l'Etat et le Président de les mettre hors d'état de nuire ????
Ce qui est réellement inquiétant, c'est d'en parler, c'est d'en faire une ritournelle, un refrain et de tirer à chaque fois à hue et à dia, donnant l'impression que plus le mystère s’épaissit, plus le Président est volubile…mais pas au point de l’élucider…
Si complot il y a Monsieur le Président, on n'en parle point, on agit…point barre !!!