Les changements tant qualitatifs que quantitatifs sont de nature à nous éclairer sur les progrès réalisés par une nation et sur son degré de compatibilité avec les avancées enregistrées par les pays développés dans tous les domaines.
Si nous constatons sur le plan social, économique, urbain, culturel, scientifique, technologique…peu, très peu de changements et que l'écart se creuse avec les pays développés c'est qu'il y a stagnation ou pire régression....
À ce moment-là nous devons tout interpeller: les mentalités, les mœurs, les pratiques sociales, le système politique, le système scolaire, la répartition des richesses, la manière dont les deniers publics sont dépensés, la fonction de l'Etat, la qualité des services qu'il est obligé de rendre, la corruption, le clientélisme, le système judiciaire, l'information, la formation sous toutes ses coutures, bref....reconnaître les insuffisances, les tares, les répertorier et faire en sorte qu'elles soient visibles pour tous, preuves à l'appui...au lieu de les dissimuler sous le tapis pour que personne n'assume vraiment ses responsabilités....
Un exemple…
Prenons comme exemple la crise chronique du système scolaire : chaque année c'est la même ritournelle, la même litanie , le même laïus: nous sommes absents du classement de Shanghai, de Pretoria, de Kuala Lumpur et que sais-je encore...???Ceux qui s'interrogent sur le déclin de l'enseignement universitaire et postuniversitaire en Tunisie, de la recherche scientifique, des publications académiques, de l'encadrement....semblent ignorer que le budget alloué à la recherche, l'investissement dans un enseignement de qualité sont dérisoires et que la bonne volonté à elle seule ne suffit pas pour réhabiliter notre université et requalifier l'enseignement qu'elle dispense.
L'état déplorable de nos locaux(vétustes et mal équipés), de nos laboratoires(sous-équipés), l'encombrement des classes, nos bibliothèques dégarnies et désertées, nos méthodes archaïques et disqualifiées, nos programmes en dissonance avec le marché du travail, nos filières incompatibles avec les nouvelles vocations professionnelles…tout cela nous élimine d'office de toutes les compétitions...Au mieux nous pouvons concurrencer encore quelques nations africaines.
Il est inutile voire nocif de sombrer dans la propagande populiste pour détourner l'attention des vrais problèmes qui s'accumulent au fil des années et dont la principale victime est le citoyen. Continuer à envisager la question sous l'angle des fumisteries, des impostures, des théories complotistes...est une manière de se dédouaner à moindres frais et de faire endosser la responsabilité de ses échecs à des boucs-émissaires, modestement, très modestement responsables des pétarades du régime en place.
Du populisme…
Il est vrai que la tendance actuelle en Tunisie est celle-ci si bien que toutes les opinions se valent, y compris celles de personnes honnêtes croyant en toute bonne foi combattre le populisme et qui finissent bon gré mal gré par utiliser les mêmes procédés que lui, versant dans l'approximation , le banal et le dérisoire.
Tout finit par relever de l'anecdotique et du folklorique, et tous finissent par déroger aux règles les mieux établies de l'argumentation sérieuse, objective et structurée.
Il est vrai que le public des réseaux sociaux, hétérogène à souhait, aime les raccourcis et le buzz et décourage les personnes les plus lucides à émettre un jugement qui ne soit pas hâtif et volontairement persifleur.
La tentation du quolibet et souvent plus forte que la tentation d'un raisonnement profond et cohérent.
Plus c'est court, plus c'est incisif, plus c'est percutant et plus le public de l'arène Facebookienne applaudit à tout rompre le toréador dont les estocades et banderilles soulèvent les hourras d'un public assoiffé de sang.
Oui, le populisme contamine les esprits les plus sains, les entraînant dans de chaudes empoignades qui tôt ou tard appauvrissent la pensée humaine la réduisant à un concours de vannes....
Bref…
On peut continuer allègrement à utiliser des expédients, des faux-fuyants pour conserver le pouvoir...mais tôt ou tard on finira par être rattrapé par la vérité: l'Etat s'effondre lentement mais sûrement et sans le bénéfice du doute…C'est un État médiocre, corrompu, vassalisé, incompétent, clientéliste, populiste et qui fonctionne selon les règles de l’allégeance…La disparition d'un tel État est probablement une aubaine si nous voulons dépasser le cap des mauvaises espérances…