Que de Révolutions ont Avorté…

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Il y a des sensations étranges qui remontent la pente abrupte, escarpée des souvenirs pour s’incruster quelque part dans la mémoire dévastée par les oublis, les omissions, les oraisons funèbres dues à des tristesses dont on n’a pas fait le deuil et qui stimulent par leur résurgence nos angoisses et nos apathies, Cet état d’indolence intellectuelle, de mollesse spirituelle propice au désenchantement, à la lassitude et au sentiment soudain diffus d’insatisfaction permanente !

On espère, on attend, on se déleste de sa volonté en échange d’une quiétude vacillante parce que soumise au hasard, aux aléas et à tout ce que l’impondérable nous réserve comme surprises, défaites, échecs cuisants et erreurs fatales ! Si notre sort dépend de la chance, si notre destin est intimement lié aux acrobaties du temps et à ces caprices, rien ne se fera parce qu’on aura refusé d’agir, de prendre en mains les choses, d’orienter notre vie vers un sens, un bonheur possible, une idée précise de ce qu’elle doit être et non pas de ce qu’elle est.

Laissons le temps faire est un signe de démission, une façon comme une autre de renoncer à soi et à l’action voire au risque que suppose toute décision, aussi velléitaire qu’elle soit, pour mieux se dérober à la responsabilité de l’intention et de l’acte qui en découle. On reste spectateur figé de sa propre vie en espérant que quelque chose d’imprévu, d’inattendu, d’inespéré viennent la modifier et en changer la trajectoire…Une expectative souvent longue, harassante, stérile dont ne nait aucun fruit, qui n’engendre que mélancolie, frustration et aigreur…à moins qu’un prodige, un miracle ne s’y mêle et que le chemin que l’on croyait perdu ne réapparaisse à la faveur d’une contingence, d’un concours d’événements heureux et fortuits, encore faut-il y être préparé pour profiter de cette grâce qui nous tombe sur la tête presque malencontreusement , certainement involontairement et qui nous invite, en dépit de notre mollesse, à nous en saisir comme l’ultime bouée de sauvetage, comme la dernière lueur transperçant le brouillard givrant d’une existence terne, plate et vouée plus à la mort qu’à la plénitude à laquelle n’accède que les audacieux, les téméraires les fous épris de leur passion et aiguillée par elle.

Que de vocations se sont perdues , que de génies se sont estompées, que d’amours se sont tues, que d’idées se sont volatilisées, que de révolutions ont avorté à cause de la fragilité de l’être, de son inconstance, de ses peurs, de tous ces fantômes blêmes et inconsistants qui peuplent son esprit et l’empêchent d’aller jusqu’au bout de son espoir, jusqu’à l’extrême limite de son rêve, jusqu’à l’extase, la jouissance…ce bonheur infini auquel ne goûte que les entreprenants, ceux qui chevauchent l’existence et la dompte, malgré ses imprécations, ses sautes d’humeur, ses ruades et ses tornades !!!

Il y a de la frivolité exubérante, impertinente, tantôt fantasque tantôt réfléchie dans cette attitude de défi permanent envers tous les couacs, tous les obstacles qui surgissent afin de nous contraindre à aller de l’avant, à ne jamais nous arrêter et à considérer l’élévation comme la réalisation de soi et l’accomplissement de ses désirs alors que la petitesse prudente, frileuse nous conduit inéluctablement vers le néant, l’extinction, l’enlisement dans la boue du conformisme et de la lâcheté !

Sous nos cieux moroses, traumatisés par une jachère intellectuelle éprouvante pour les nerfs, l’esprit vogue au gré de la misère culturelle ambiante, vécue comme une fatalité, distillée par une médiocrité désœuvrée, oisive, farouchement commère et atrocement maligne.

Une espèce de chape de plomb qui frustre les audacieux et les oblige à ravaler leur ressentiment de crainte d’être accusés d’élitisme snobinard et morveux à défaut de sombrer comme les autres dans un populisme braillard et insolent, décapant dans sa futilité, dans sa puérilité héritée des années de vaches maigres.

Ce suicide de l’intelligence, de la créativité, du goût artistique, de l’innovation a été planifié par une engeance inculte et illettrée qui a sacrifié sur l’autel de son ignorance trois générations de tunisiens.

Ce délit comme tant d’autres est resté impuni, or, parmi tous les délits commis par le benalisme, celui-ci ne peut être pardonné…il est impardonnable !

Néanmoins, ce scepticisme est de mauvais aloi, il engendre une frigidité mortifère, une stérilité infâme !

Choisir la vie n’est pas une excuse ou un exutoire, c’est être à même de mériter de la vivre sans regrets ni remords !

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