Nous savions tous en 2011que nous avions trois déficits: un déficit démocratique, un déficit moral et un déficit culturel.
Or, le premier déficit découle des deux autres si bien qu'il fallait régler d'abord la question morale et la question culturelle en réformant l'institution scolaire afin qu'elle réhabilite connaissance et savoir et en réhabilitant les valeurs susceptibles de nous extraire de la gadoue de la médiocrité, de la corruption, du clientélisme, du népotisme et de la malhonnêteté tous azimuts…ce legs infâme d'un régime mafieux et analphabète.
Nous nous sommes attardés sur le fait politique, imaginant qu'une bonne Constitution pouvait régler tous les problèmes et que des élections démocratiques allaient changer le cours de l’histoire…Or, le déficit moral et le déficit culturel se sont accentués entre-temps, contribuant au renforcement du malaise social et économique et engendrant de nouvelles frustrations issues de toutes ces illusions bâties autour du récit révolutionnaire.
La révolution n'en est pas une si elle ne rompt pas radicalement avec le passé, si elle ne s'interroge pas sur la débâcle morale et sociétale et si elle ne fournit pas les réponses adéquates aux attentes d'une jeunesse laminée par le désespoir, l'ignorance, la drogue et les expédients dont elle vit pour échapper aux tourments de la vie quotidienne….
La révolution n'en est pas une si elle ne crée pas les conditions nécessaires pour assurer le bien-être social et intellectuel de la société, son équilibre, son épanouissement et son autonomie…Une révolution est censée ouvrir de nouveaux horizons, produire des valeurs saines et intégrer l'individu dans une dynamique de changements profonds sans lesquels, le passé honni sera ressuscité sous des formes pires que les précédentes, plus violentes et plus malodorantes.
Nous avons hélas mis la charrue avant les bœufs si bien que nous avons rendu possible ce retour de manivelle….
Voilà où nous en sommes aujourd'hui car ce putsch revanchard et vindicatif est l'expression des vestiges d'un régime mafieux, policier et voyou, qui, en se drapant de la vertu révolutionnaire , comme un vilain faussaire ou escroc , a berné tout le monde.
Ce visage hideux que nous découvrons aujourd'hui est celui de la haine et de la laideur morale, nous cueillons aujourd'hui le fruit avarié de cette délinquance benalienne qui n'a jamais disparu et qui vient nous rappeler que les défaites morales sont plus cuisantes que l'échec d'un processus politique ou démocratique…