Des premiers ministres dissipés, effacés...nous en avons eus sous Bourguiba et sous Ben Ali, ils étaient la voix de leur maître et accomplissaient leurs tâches discrètement et sans esclandres…Leur longévité dépendait de la souplesse de leur échine et de leur capacité à supporter les humeurs du tyran et ses frasques sans sourciller.
Cette tradition de soumission fut rompue avec la révolution et la Constitution de 2014 réhabilita la figure du chef de gouvernement, la plaçant au centre du pouvoir…
Seul Essid, probablement à cause de ses liens avec le passé et de l'école dont il est issu, préserva cette figure du premier ministre discret et effacé, ce qui lui a valu d'être éjecté d'une manière abjecte et honteuse
Les autres, ont réussi avec plus ou moins de bonheur , malgré des prestations discutables et souvent catastrophiques, à entrer dans la peau du chef de gouvernement bien que pour la plupart d'entre eux ce costume fût étriqué.
Le cas Bouden est un cas à part…Elle n'est ni dissipée, ni effacée, elle est carrément inexistante….
On aurait cherché quelqu’un de docile, d’obéissant, de passif, bref un fantoche et fier de l’être, on n’aurait pas trouvé mieux…Elle viendrait à s’éclipser soudainement que l’on ne s’apercevrait même pas de sa disparition.
Privée de pouvoir, privée d'autorité, privée de parole, elle n'est pas dans la discrétion, elle est dans le silence, dans la soumission, dans l'absence….Le comble c’est que rien ne semble chatouiller son orgueil malmené par l’arrogance d’un Président qui l’a volontairement avilie.
Reléguée au rang peu enviable de faire-valoir, elle a esquinté et ternie l'image de la femme tunisienne émancipée, cultivée, indépendante, audacieuse et compétente, la réduisant au statut d'une courtisane inconsistante, sans relief et sans personnalité, écrasée par l'autorité d'un patriarche narcissique, mégalomane et rétrograde.
Elle aura été la première femme chef de gouvernement arabe dont l'histoire ne retiendra jamais le nom, fût-il associé à un putsch.