A un moment donné, il ne faut plus s'intéresser à ce qu'il dit et à ce qu'il fait, mais se concentrer sur ce que nous devons dire et faire. Quand le feu ravage ta maison, tu ne t'occupe pas du commérage du vieux voisin sénile, mais de la façon la meilleure d'éteindre l'incendie et de sauver ce qui peut encore être sauvé.
Le 25 juillet 2021 : l’aube d’une catastrophe annoncée
L'essence même du populisme et de son dérivé naturel le fascisme est de créer un ennemi intérieur en vue de le transformer en alibi pour perpétuer le régime et préserver les intérêts des classes sociales qui le soutiennent. C’est en cela que le populisme est dangereux parce qu'il nourrit les clivages à travers ses relais médiatiques et culturels et s'installe confortablement dans le discours haineux et clivant.
S'il entretient la haine c'est parce qu'elle agglutine et rassemble et suscite des émotions et des réactions susceptibles de fanatiser l'esprit et d'obstruer sa lucidité et in fine de créer des automatismes d'identification au discours fasciste.
Certains prétendent que le populisme peut avoir une nature certes autoritaire mais réformatrice, c'est absolument faux, le populisme n'a qu'une seule nature et elle est foncièrement fasciste…C'est une idéologie primitive et brutale, très plate, elle ne produit que haine et discrimination. Le terme « idéologie » en l’occurrence est impropre quand il est question de la non-pensée de Kaïs Saied. En effet, ces borborygmes redondants et son sabir illisible et incompréhensible traduisent tout au plus une forme de haine exacerbée envers les élites, les partis politiques, les relais institutionnels, les syndicats, tous les corps intermédiaires, en somme, tout ce qui est de nature à entraver, à contrarier sa volonté de s’accaparer tous les pouvoirs quand bien même cela serait illusoire, quand bien même cela relèverait du fantasme, quand bien même le costume qu’il chercherait à confectionner, celui d’un sultan ou d’un guide suprême ou d’un deus ex machina omnipotent, omission et omniprésent serait absolument pathétique, risible et anachronique.
L’homme, venu de nulle part, a décrété manu militari que sa tâche messianique consistait à sauver le peuple tunisien !!!De qui ?De quoi ? Lui-même l’ignore, néanmoins, la conjoncture politique et économique rendue insupportable à cause de la pandémie et du show permanent de son allié de circonstance, Abir Moussi, était propice à un putsch constitutionnel, sournoisement soutenu, même si c’est discrètement, par les vestiges de l’ancien régime, par l’armée, par l’Etat profond et sa police, ses médias, son intelligentsia mauve ainsi que par de petits partis politiques foncièrement totalitaires, sectaires, chauvins et putschistes.
Ce putsch a été certainement commandité par des pays étrangers et précisément arabes qui ont toujours craint la démocratie tunisienne et sa capacité à résister pendant dix ans à tous les complots, à toutes les forfaitures et à toutes les trahisons.
En effet, les supplétifs et les nervis des dictatures arabes étaient nombreux et ils étaient grassement rémunérés par les monarchies arabes en échange des services abjects qu’ils savaient leur rendre dans le but d’abréger le processus démocratique en Tunisie et de l’étouffer dans l’œuf.
Aujourd’hui, le trône du Roi Ubu vacille et tôt ou tard il va s’effondrer. En effet, la marmite sociale bout depuis longtemps, et les expédients habituels pour calmer la rue n'existent plus, le roi est nu et sa nudité s'est révélée au grand jour quand son populisme ringard et sa vulgate de charretier ont épuisé toutes les munitions nécessaires pour chauffer à blanc ses nervis et ses disciples….
On savait tous que tôt ou tard le volcan endormi allait se réveiller et qu'en se réveillant il sera difficile cette fois-ci d'arrêter sa lave incandescente. La faillite de ce régime avant d'être économique, financière est éminemment morale….L'impression c'est que nous sommes gouvernés par des médiocres, des incompétents, de petits fonctionnaires opportunistes, vils et veules, mesquins, incapables de comprendre que cette colère impétueuse risque de tout emporter et pour une fois, elle doit tout emporter, tout raser, car cet État doit être reconstruit pierre par pierre, il est vétuste, délabré et impropre à l'habitation….ravagé par les termites, ravagé par la corruption, ravagé par les sauterelles et les carnivores.
Ce n'est pas de l'incurie, c'est pire, c'est de l'ignorance et de la cupidité….
Du sang neuf
Notre classe politique a toujours été en décalage par rapport aux attentes, expectatives , espérances des classes sociales défavorisées si bien qu'elle est restée en retrait par rapport à leurs revendications légitimes et qu'elle n'a pas réussi à les représenter dignement.
Soit embourgeoisée, soit élitiste, soit complètement hors-sujet et larguée par une jeunesse en colère dont elle ne comprend pas ce besoin, cette nécessité impérieuse d'être au centre de nos préoccupations et au centre de tout projet social et économique qui leur assure bien-être et conditions de vie à tout le moins décentes…Cette classe politique et syndicale a déçu leurs espérances nées un certain 14 Janvier 2011.Certes, cette jeunesse désemparée, frustrée, vindicative, eut tort de soutenir un populiste bonimenteur, arrogant, insensible, médiocre, intellectuellement diminué et dont l’entêtement, l’obstination et le manque terrible d’empathie témoignent de sa profonde solitude et de cet ascétisme mental et émotionnel qui le rend si irascible et si colérique.
Une austérité émotionnelle qui contraste fortement avec cette haine qui se dégage de tous ses soliloques et qui trahit sa méfiance de tout le monde et son incapacité à reconnaitre l’autre et à dialoguer avec lui.
D’ailleurs, son inaptitude au dialogue traduit son inaptitude à la démocratie qui nécessite délibérations, compromis, débats, concessions, argumentation, tact et souplesse. Il préfère à l’agora l’ermitage, l’isolement parce qu’il craint que ces nombreuses insuffisances ne soient dévoilées et que le mythe du « sauveur de la nation» ne s’écroule et avec lui ses ambitions messianiques.
Je disais que cette jeunesse avait tort de sa laisser berner mais concédons-lui une circonstance atténuante : ses espoirs ont été trahis et elle n’avait plus rien à perdre et c’est quand on n’a rien à perdre que l’on n’est plus lucide et que l’on se laisse abuser par les imposteurs.
Ils avaient raison d'exprimer leur ras-le-bol, d'autant plus que personne n'a su défendre leurs droits.
On savait tous que l'explosion sociale est imminente et que cette fois-ci la lame de fond risque de tout emporter si les réponses ne sont pas appropriées aux questions, aux circonstances et à l'impératif d'une vie meilleure et d'horizons moins obstrués par l'indolence, l'incompétence de l'Etat et par l'égoïsme social.
Le défi est de voir aujourd’hui surgir des décombres des personnes honnêtes, sincères, des hommes de bonne volonté, désintéressés , nullement obsédés par les vieilles querelles idéologiques et convaincus que des réponses immédiates doivent être données car nous sommes dans l’urgence , car nous sommes à quelques secondes de la mort subite.