Ça ressemble de plus en plus à un très mauvais vaudeville où les pantalonnades les plus pathétiques s'enchaînent et se multiplient….Que de sophismes, que de mauvais arguments, que de feintes, que de dribbles …Si la mauvaise foi avait le moindre scrupule, elle rougirait de honte.
Je vais finir par douter de tout le monde, les bons démocrates comme les mauvais, les vrais démocrates comme les faux, les naïfs comme les opportunistes….C'est bien d'être contre l'exclusion, c'est bien de s'opposer à un amendement qui s'apparente à une loi ad personam, mais au-delà de ce caractère discriminatoire qui révèle ce qu'il ne dit pas: le Tunisien ne sait pas voter, le Tunisien est influençable, manipulable, exposé à toutes les turpitudes, le Tunisien se vend et s'achète, le Tunisien n'a ni idéaux ni principes, le Tunisien n'a aucune culture politique vertueuse, il n'a pas de culture tout court… il existe une certitude: la déferlante populiste et ce poujadisme scélérat représentent une vraie menace pour la démocratie et pour la crédibilité du fait politique en Tunisie, la démocratie , en plus d'être confisquée par des lobbies mafieux et des prédateurs, risque d'être prise en otage par des imposteurs et des Tartuffes, des fraudeurs et des margoulins….
Faut-il que le code électoral avec toutes ses insuffisances actuelles soit conservé tel quel au risque qu'il ne puisse plus être amendé au cours de la prochaine législature????Ou bien, faut-il, et c'est ça le dilemme d'ordre moral, l'amender en donnant l'impression de vouloir éliminer par sa mise en œuvre un adversaire politique ou des adversaires politiques???
Il semble qu'il n'existe pas de consensus autour des deux questions et que le projet d'amendement de la loi électorale ne passera pas….car les lobbies sont en train d'exercer dans les coulisses les pressions nécessaires pour faire capoter ce projet d’amendement du code électoral, et j'estime qu'il sera difficile d'obtenir cette majorité.
Avant de disserter sur la légitimité d'un amendement du code électoral afin d'empêcher les tricheurs et les manipulateurs d'abuser de la naïveté ou de la bonne foi des électeurs, avant de verser des larmes de crocodile sur les abus des uns et les turpitudes morales des autres… interrogeons-nous sur l'essentiel : notre jeune, très jeune et boiteuse expérience démocratique n'est-elle pas menacée d'abord par l'inaptitude des électeurs à se conformer aux règles les plus élémentaires de la démocratie et ensuite par l'agressivité de lobbies mafieux qui polluent par leurs manigances le paysage politique tunisien depuis bientôt 8 ans ?
La question n'est ni d'ordre juridique ni d'ordre constitutionnel, elle est d'ordre moral car en l'absence d'une vraie volonté de moraliser la vie politique en Tunisie, tout le monde est suspect, y compris ceux et celles qui nous assomment d'arguments vertueux alors qu'en réalité ils trouvent de mauvais alibis aux pires crapules et aux plus abjects des démagogues.
Le pourrissement d'un système politique et sa décomposition s'accélèrent à partir du moment où les règles ne sont plus respectées, où les infractions ne sont plus contestées, où les délits sont banalisés, où la manipulation est permise et autorisée, où des forces occultes gouvernent l'Etat et le soumettent à leurs intérêts.
Le tout pourri devient cet argument vicieux qui légitime toutes les prévarications et empêche la démocratie de combattre tout ce qui est susceptible de la dénaturer et de la transformer en une dictature des oligarchies mafieuses et d'un poujadisme voyou et délinquant….
Si nous avions en Tunisie une vraie intelligentsia, de vrais penseurs, de vrais philosophes, des personnes qui soient réellement indépendantes et autonomes, qui ne mangent pas à tous les râteliers, qui se soucient du devenir d’une démocratise bancale et paraplégique, les flibustiers, les arnaqueurs et les bouffons auraient craint d’être démasqués par des intellectuels vigilants et intransigeants, or, si les personnages les plus loufoques et les plus insignifiants se déguisent en sauveurs de la nation et si les imposteurs profitent de la détresse des indigents et de la misère des démunis, c’est parce que cette intelligentsia s’est transformée, depuis Ben Ali, en une armée de mercenaires prête à épouser les causes les plus perfides pourvu qu’elle soit bien rémunérée !
Ceux qui sont dans l’obligation d’éveiller les consciences sont complices de cet état d’apathie général propice à l’émergence des aventuriers et de faux philanthropes. La pratique démocratique, si elle veut être saine, a besoin de garde-fous à fortiori quand on a conscience de l'immaturité de l'électeur tunisien, de son indolence intellectuelle, de sa versatilité, de sa frivolité et de sa propension à être grugé par des aigrefins sans scrupules…
Le populisme, sous ses apparences vertueuses, est une menace pour la démocratie. Le poujadisme prospère là où ignorance et pauvreté font bon ménage!
Nous manquons terriblement de perspicacité et de lucidité dans nos analyses si bien que nous nous embarquons souvent dans des polémiques d'une niaiserie remarquable, fondées sur l'a priori et les commérages et ragots de concierge…Par manque de discernement ou à cause de haines irrationnelles, nous plaçons le débat là où il ne doit pas être….le confinant dans un espace qui n'est pas le sien….La question est morale, exclusivement morale….chercher à l'emberlificoter par de vaines arguties juridiques….est biaiser le débat….(la plupart de nos soi-disant faiseurs d'opinion en Tunisie sont des charlatans et des bonimenteurs au service des mauvaises causes.)
A une question morale, on ne répond pas par une controverse juridique…
Fermez le ban….