Nous sommes à une semaine de la célébration de la fête de la révolution, car le 14 Janvier , quoi qu'en pense le régime actuel, restera à jamais la fête de la révolution, l'histoire ne se décrétant pas par la volonté d'un homme mais par la volonté d'un peuple...et le peuple ou une majorité de celui-ci sait écrire sa propre histoire en dépit des versions fallacieuses et édulcorées...
Mais, le cours de l'histoire suit parfois des chemins sinueux, des chemins de traverse, se perd dans les insinuations perfides et les hésitations coupables, s'arrête en raison de parcours accidentés et de pentes abruptes, puis finit par reprendre son petit bonhomme de chemin , vainquant ainsi les aléas et les humeurs, les caprices de la nature et des hommes, les obstacles impromptus et les résistances archaïques....
Toutes les révolutions ont connu pour diverses raisons des moments d'égarement dont certains furent tragiques, mais toutes finissent par rompre avec l'ordre ancien et par atteindre leur vitesse de croisière....
La nôtre de révolution était promue à un bel avenir avant qu'elle ne fût combattue avec une rare férocité par ces nombreux ennemis, ceux qui redoutaient que le monde qu'elle allât enfanter ne correspondait pas au monde dont ils rêvaient , fût-il un fantasme ou une réplique du monde ancien....Leur crainte était décuplée par l'affaissement du désir de rupture supplanté par la peur de l'inconnu , peur ancestrale qui surgit quand les crises s'accumulent même quand celles-ci sont artificielles et produites par les ennemis du changement, mais la peur s'installe au point où elle inhibe toutes les bonnes volontés et incite au redéploiement progressif de l'ancien....
Nous sommes aujourd'hui confrontés à ce dilemme: continuer la bataille pour la démocratie ou y renoncer définitivement en l'absence d'un large consensus populaire sur la question de la démocratie....
Pareil renoncement conduira inéluctablement à un régime tyrannique pire que ceux que nous avons connus car son maintien nécessitera l'usage de tous les moyens violents et coercitifs indispensables pour sa survie et sa permanence....Le populisme finira par se parer des atours du fascisme et entamera alors une politique de répression aveugle qui aboutira à d'autres protestations sociales de plus en plus violentes parce que c'est un fascisme pauvre, ignare et insolent dont l'indigence morale, intellectuelle et économique est le ver dans le fruit....Ce ver qui finira par le rendre incomestible et avarié....
Alors surgira des méandres de l'histoire ce quelque chose qui rendra le désir de liberté irrépressible…
Faut-il conduire l'histoire là où elle doit aller ou attendre que l'histoire impose sa vérité???
Embarrassant…
Je comprends parfaitement l'embarras dans lequel se trouve la plupart des démocrates aujourd'hui, car voyez-vous, on ne naît pas démocrate, on le devient, grâce à un travail sur soi, sur ses idées étriquées, sur sa rigidité intellectuelle et idéologique, sur son confort intellectuel, sur sa prédisposition presque naturelle au rejet de l'autre, de ce qu'il est et de ce qu'il pense, c'est une forme de résilience qui nécessite une force de caractère hors du commun, une culture empreinte d'humanité et de sagesse, frappée du sceau du bon sens , estampillée diversité et pluralité...
L'accouchement démocratique est souvent difficile d'autant plus s'il est constamment fragilisé par une forme de défiance atavique à l'égard d'un système auquel on n'est pas habitué et qui contraste avec la violence institutionnelle du passé...violence à laquelle même les personnes les plus lucides ne se soustraient pas facilement en raison de l'éducation qu'elles ont reçues et de l'environnement tyrannique dans lequel elles ont grandi.
Dix ans c'est trop peu pour se débarrasser des vieilles inhibitions et des mauvais réflexes, c'est pourquoi nous ressentons tous ce handicap qui ralentit considérablement notre progression vers la démocratie...et c'est pourquoi nous comprenons cette cacophonie qui nous empêche de nous entendre sur l'essentiel et d'entendre la voix de la raison…