Peut-on parler de bilan à l’heure qu’il est ??? Mais, non, sérieusement, serait-il poli d’exiger de la coalition qui gouverne la Tunisie sans vraiment la gouverner, parce que, o rage o désespoir, on ne sait pas exactement qui gouverne quoi , de nous présenter un bilan un tant soit peu exhaustif de ses réalisations, de ses objectifs, de son action, de l’envergure de ses projets etc.…. ???
Douze mois de querelles, d’inaction, de batailles rangées au sein du parti qui a gagné les élections législatives et dont la victoire, sans être triomphale comme il avait osé l’espérer, s’est progressivement transformé en catastrophe nationale aux proportions de plus en plus cataclysmiques !
• Volet social : Rien ou presque, une situation ubuesque similaire à celle des années de plomb, avec ce surcroit sordide de pauvreté, de misère, de banditisme, de criminalité, de petite et grande délinquance, de corruption, d’incivilités, de rupture du lien social sur fond de démence intellectuelle, intelligible à ceux qui ont accompli le miracle de dresser les Tunisiens les uns contre les autres, moyennant les babioles identitaires et autres fétichisme hérité des balourdises idéologiques.
• Volet économique : un taux de croissance en berne, en régression constante frappant de plein fouet une économie anémique, exsangue, livrée au pillage systématique des lobbies mafieux, de leurs accointances nationales et internationales, des oligarques pervers et démoniaques dont l’impunité, si elle perdure, nous conduira vers une banqueroute inéluctable, dénouement tragique auquel, vraisemblablement, il nous sera difficile d’échapper !
• Volet culturel : Le secteur le plus sinistré dont découlent toutes les tares endémiques recensées précédemment. Une école aux abois depuis des lustres, formant des bataillons de chômeurs, de désespérés, d’analphabètes diplômés, de jeunes frustrés, incapables de comprendre ce qui leur arrive, vivant cela comme une fatalité, comme une malédiction, comme un désenchantement augurant le pire ! Les arts ne se portent guère mieux et souffrent de l’inconséquence d’une intelligentsia apathique, bureaucratique, carriériste et dépourvue de talent, de ce génie indispensable à l’élévation de l’esprit et à son émancipation des scories d’un mercantilisme culturel ayant récompensé sous la dictature les bouffons, les médiocres, les larbins et cette foule immonde et abjecte de thuriféraires et de vils.
• Volet politique : Hormis l’encanaillement de toute la classe politique et son penchant pour les magouilles et les cabales, on ne note rien de particulièrement salutaire dans une action politique soumise aux vents ambitieux des narcissiques et assujettie aux caprices délétères des lobbies économiques et financiers. Nos hommes politiques ont hérité du despotisme tous ses défauts et ne semblent pas se dépêcher pour orienter leurs actions vers l’édification d’une nouvelle citoyenneté solidaire, consciente des enjeux actuels et futurs et enracinée dans la culture démocratique consacrée par la nouvelle Constitution. Ces défaillances ont affaibli l’opposition, incapable de jouer le rôle institutionnel qui est le sien, divisée à cause d’antipathies et d’inimités absconses et souvent risibles et parfaitement en décalage par rapport aux préoccupations immédiates des Tunisiens.
Il est légitime de se demander si la Tunisie est encore gouvernable et si les égoïsmes corporatistes associés aux dérives d’un Etat en pleine crise de confiance et dont se méfie le citoyen lambda ne contribueront pas à pérenniser ce climat morose défavorable à la reprise économique et à sa relance.
Le bilan n’est ni mitigé ni porteur d’espoir, il est tout simplement catastrophique, et si on persévère dans cette inertie, dans cette immobilité coupable, dans ce renoncement au changement devenu nécessaire, urgent …les lendemains seront sombres et affecteront l’avenir des générations futures.
Tout doit être réformé en Tunisie, à commencer par les mentalités !