La confusion est telle qu’il n’est guère possible de discerner sa gauche de sa droite.
A l’évidence, les conflits entre factions mafieuses au sein du pouvoir ont pris une tournure tragique et la tentative d’assassinat de Monsieur Ridha Charfeddine, principal actionnaire d'Attissaa Tv, s’inscrit dans le cadre de ses luttes intestines entre lobbies économiques et financiers dont l’exacerbation actuelle peut conduire aux pires extrémités.
Cependant, plus le mystère s’épaissit, plus les éléments de réponse deviennent clairs, c’est certes paradoxal, mais un Etat aux abois, sous l’influence d’un banditisme économique et médiatique sans vergogne, ne peut être qu’impuissant et soumis aux ordres de ceux qui procèdent sournoisement à son effondrement.
Cette confusion n’est qu’apparente car le puzzle possède sa propre logique et ses pièces sont en cohérence avec la stratégie subversive de ceux qui ont profité de tous les délits et qui aujourd’hui, par le chantage, par le complot, par le meurtre, veulent coûte coûte être dispensés de procès et bénéficier d’une impunité assortie de garanties relatives à leur prospérité économique !
La situation est telle que nous la connaissons: déplorable, morose, invivable mais rares sont ceux qui honnêtement pointent du doigt les vrais responsables, les vraies causes et les vrais enjeux...parce qu'il est bénéfique d'alimenter la colère et de donner du grain à moudre au populo pourvu que celui-ci regrette amèrement son insurrection et troque sa liberté et sa dignité contre une sécurité-répression et un ersatz de démocratie aux allures vachement tyranniques!
La réaction tunisienne, bonne pourvoyeuse de conspiration, avec des alliés "hasardeux" ont dressé un miroir déformant face aux citoyens et la société pour leur donner à voir d'eux-mêmes une image négative, tronquée et assombrie.
Sous l'impulsion conjuguée de groupes réactionnaires minoritaires mais visibles, écumants à l'encontre de la révolution et en guerre perpétuelle contre "la deuxième république", un mouvement se voulant généralisé de ras-le-bol et se prétendant issu du "peuple qui souffre" harcèle, insulte, manipule et incite à la violence à l'encontre des symboles de l'état.
L'occasion est trop belle mais le jeu est risqué car les destouriens et assimilés croient qu'ils tireront profit de cette situation qu'ils ont fortement encouragé tout en faisant semblant de se boucher le nez et regarder ailleurs.
Le mensonge, l'intox permanente et le buzz ont fini par avoir raison de la mémoire des Tunisiens qui s'engouffrent comme un seul homme dans les couloirs de l'abattoir moral et intellectuel dans lequel ils sont conduits en un mouvement bovin bruyant et involontaire.
Misère, inégalités sociales, régionales, chômage, déliquescence de l’État, de ses institutions rendue possible par toutes les vermines qui ont rongé et mutilé son corps: corruption, clientélisme, extorsion au profit du clan mafieux et de ses ramifications, concussion, divers délits financiers...outre à la propagation à tous les étages de la société de phénomènes de délinquance et de banditisme directement issus de cette culture mafieuse dont le RCD était le dépositaire et qui s'est substituée à la culture tout court. Qui s'en souvient encore de ce sinistre legs et des ravages qu'il a produit dans la société tunisienne!!!
Où donc étaient les pigeons, les experts, les syndicalistes, les chefs d'entreprise ... et enfin les représentants du populo fourrure et lunettes Gucci, lorsque les gouvernements Ben Ali distribuaient leurs largesses aux copains-coquins et que le bon peuple s'enlisait dans la gadoue d'une misère crasse, endetté sur cinq générations.
Où était leur "grogne" lorsque les ministres des finances successifs ont redistribué des milliards aux foyers fiscaux les plus aisés en 23 ans d’iniquité fiscale. D'où venait ce fric sinon de la poche du contribuable dont ils se vantent si fort du soutien et dont ils se proclament le porte-voix ? Il est temps de rétablir les faits et de rafraîchir les mémoires. Même si ce gouvernement et celui qui lui succédera sont impopulaires, incompétents, super-compétents, médiocres ou brillants les institutions doivent garantir la continuité de l'état et faire respecter l'ordre républicain.
Et dans cette déliquescence générale, nous continuons à parler de démocratie ! Non. Il faut faire la grève des mots pour arrêter de se mentir. « Nous participons à notre impuissance politique en acceptant d'appeler démocratie ce qui est la négation même de nos droits ». Souvenons-nous de 1984 d’Orwell : pour jeter l’esprit dans la confusion mentale, faites dire aux mots exactement le contraire de ce qu’ils signifient. Avec le service des médias et celui d’une éducation ne comportant pas la moindre once de critique, vous produirez des esprits confus.