Mahdia dort mal quand ses enfants-marins ne rentrent pas au port alors qu’une tempête soudaine marque son territoire.
Tard dans la nuit, des silhouettes furtives quittent leurs demeures et par les entrailles de la médina se dirigent vers le port. Dans des ruelles mal éclairées, des hommes emmitouflés dans leurs burnous pressent le pas en marmonnant des prières séculaires « Ya Latif, Ya latif, Ya latif… ».
Sur le port, la question est sempiternelle « A-t-on des nouvelles ? ». Là il y’a des vieux loups qui ont connu d’autres et qui essayent d’insuffler de l’espoir tout en reconnaissant les puissances divines « La force divine est immense mais sa clémence l’est encore plus… ». Des jeunes qui admettent mal leur impuissance et parlent d’organiser une sortie dès que les choses s’améliorent…
Mais il y’a surtout ces femmes que la mer a rendu veuves et qui essayent de consoler les mères, épouses ou filles des marins encore sur les flots. On ne voit que le blanc de leurs yeux qui fixent le ciel pour mieux faire aboutir leurs prières…
Tous savent que la mer embrasse mal…elle étreint.
On s’accroche au moindre espoir, à la rumeur et à l’impossible miracle…jusqu’à la découverte des premiers corps rejetés par les flots après avoir sucé leurs vies.
Là commence un ballet d’enterrements qui mobilise toute la ville et peut durer plusieurs jours …
Mahdia est en deuil…Compatissons à son immense douleur