Pour une ou deux phrases et une cravate, le peuple Facebookien s’est enflammé comme jamais. Rached Ghannouchi est en train de réussir ce que les meilleures boites de com tentent de faire péniblement : détourner l’intérêt de la masse au profit d’un sujet, d’un objet ou d’une personne.
Fini l’angoisse de l’imminente faillite du pays, les déficits de toutes les balances, l’augmentation du taux d’inflation et d’intérêt, la chute libre du Dinar, le doute sur les prochaines élections municipales ou la grève de la faim de Radhia…La bataille du moment est la candidature de Youssef Chahed à un poste qu’il n’a jamais (encore) sollicité et pour lequel personne ne l’a évalué.
Car quels sont les faits d’armes qui plaident pour Youssef Chahed au poste de la magistrature suprême ?
Un premier constat est que Youssef Chahed n’a jamais affronté d’électeurs. Il a été choisi par son parti, ou plutôt par le « moula Lbatinda », alors qu’il n’a jamais brillé par un militantisme public, sauf peut être des chants salaces et obscènes lors de la soirée de la victoire de Béji Caïd Essebsi.
Sa première année au poste de chef de gouvernement est plutôt laborieuse et les clignotants sont tous au rouge. Sa lutte contre le « Façed » lui a valu un tsunami de sympathie mais elle s’est arrêtée nette et commence à soulever des questions :
Pourquoi tant de libérés ? Jarraya est-il arrêté pour trafic ou pour autre chose de plus grave ? Pourquoi se limiter aux trafiquants alors que le « Façed » touche tous les secteurs, activités, tendances politiques ?
Monsieur le chef de gouvernement, vous bénéficiez, jusqu’à ce jour, de notre confiance et soutien total pour cette bataille décisive contre les corrompus, corrupteurs et systèmes de corruption.
Vous gagnerez plus en affrontant courageusement les maux qui rongent notre économie. Planez haut au dessus de ces courtisans flagorneurs de tous bords qui veulent vous encenser pour d’autres desseins que l’intérêt de ce pays.
Ils ne vous soutiennent pas, mais règlent leurs comptes avec leurs adversaires politiques. Ignorez ces escarmouches politicardes qui ne font que perturber votre marche. Parlez peu et agissez plus…
Si vous réussissez ces défis, personne ne peut vous contester le poste de président de la république et le peuple vous donnera sûrement la légitimité et l’appareil pour le faire.