Toute cette euphorie suite au discours de Youssef Chahed est bien révélatrice du malaise que vivent les tunisiens et de la rancœur qu’ils ont envers Hafedh Caïd Essebsi.
En effet, à bien écouter cette intervention, son pivot a été cette querelle entre le fils naturel et le fils adoptif de Béji Caïd Essebsi.
Ne pouvant mener plusieurs combats en même temps, Chahed a su ménager tout le monde et essentiellement Ennahdha et l’UGTT. Il a même fait du pied aux fondateurs de Nidaa qui l’ont déserté pour enfoncer un peu plus Hafedh Caïd Essebsi. Personne ne peut lui reprocher cette posture surtout que ce dernier n’a pas choisi ses paroles pour l’attaquer.
Mais, est-ce que les querelles intestines de ce pseudo parti vont continuer à infecter la politique du pays ? Est-il normal que le pays soit accroché au discours du chef de gouvernement pour qu’à la fin il se contente d’accuser, en le nommant, le chef du parti majoritaire qui l’a nommé, de tous les maux de ce pays ?
Pour son programme, il n’y a rien de nouveau sous le soleil…il confirme le diagnostic largement partagé depuis longtemps et insiste sur l’urgence d’entamer la thérapie. Il a même, avec amertume, regretté que les derniers soubresauts aient impacté sur les conclusions de l’examen que nos partenaires financiers sont en train d’effectuer ces jours-ci.
Le versement de la dernière tranche FMI est compromis et la notation Fitch s’est dégradée, alors que nous comptons sortir sur le marché international pour une levée d’un milliard de dinars.
C’est dire que nous ne sommes pas prêts de sortir de l’auberge, qu’un changement de gouvernement et/ou de son chef ne feront pas baisser le taux d’inflation, que debout nous allons encore soutenir Youssef Chahed surtout dans sa guerre contre Hafedh Caïd Essebsi, qui désormais symbolise le défenseur du « fassed »…
Mais Youssef Chahed est-il capable de réunir toutes les forces vives pour s’attaquer à la montagne de difficultés de ce pays?
Peut-il affronter tous ceux qui entravent les grandes réformes (UGTT, Mafia du « fassed », Lobbys..)? Et avec quels moyens, va-t-il reconquérir Nidaa ou fonder un autre parti avec les anciens transfuges d’Afek, du Joumhouri, des futurs transfuges de Nidaa et de tous ceux qui cherchent un accostage à la modernité et à la démocratie?
Encore une fois, les tunisiens vont dormir avec l’espoir que ce pays sorte de l’ornière. Mais ils ne peuvent cesser de prier pour que ça ne soit pas encore une chimère comme il en a connu d’autres.
Demain est un autre jour…