Chronique des années de fraise : (2) (Suite et fin)

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Tunis- Le 13 Juin 2052

L’extraction du pétrole et du gaz d’Ennasr a eu un autre résultat inattendu et inexpliqué. Doucement, les reliefs d’Ennasr ont commencé à s’aplatir. Au fur et à mesure qu’on extrait les carburants, l’avenue Hedi Nouira et ses alentours se dégonflent et deviennent plats. C’est une véritable opération de liposuccion qu’a subi ce quartier huppé de la capitale.

Les collines d’Ennahli se sont transformées en une gigantesque plaine abritant de jolies forêts. On a pu ainsi dégager de nouveaux terrains constructibles sur lesquels on a érigé une faculté de sciences politiques où viennent des étudiants du monde entier prétendre à un mastère ou à un doctorat en « Tawafek » que seule la sagesse tunisienne, vieille de 3.040 ans a pu enfanter.

Les plus brillants peuvent espérer décrocher le prestigieux prix international du « Trahdine ». L’incident, qui a eu lieu hier dans cette université, a été contenu sans dégâts majeurs. L’entreprise qui s’est essayée aux dégustations de champagne et caviar auprès des étudiants, s’est excusée et a promis d’offrir un magnum millésime 1988 et une boite de Beluga Impérial d'Iran à chaque étudiant victime de cette malheureuse manifestation promotionnelle.

Dans le volet social, le gouvernement a radicalement éliminé les grèves et les sit-in, la solution était d’une simplicité déconcertante : pour éliminer les grèves il a suffi d’éliminer…le travail. Grâce à la manne pétrolière, toute famille reçoit 1.000 dinars par mois et par tête de pipe, libre à chacun de travailler pour s’épanouir.

L’UGTT s’est fait Harakiri et l’UPBT (Union des Petits Bourgeois de Tunisie) a pris la relève. Le confort des citoyens est assuré par une main d’œuvre abondante et qualifiée que des bateaux clandestins déversent sur nos cotes. Elle vient de partout mais essentiellement d’Europe, quelques fois des pays du golfe. On soupçonne la Turquie d’aider ces clandestins à regagner nos côtes et notre Eldorado.

Actuellement, des affairistes insatiables lorgnent vers la colline de Sidi Bou qui semble très prometteuse. Mais « la panthère de Sidi Bou », une ancienne femen au nom d’Amina, élue maire de ce village, veille au grain et ne laisse aucun de ces voraces s’approcher de la butte.

La convoitise vise également les monts du Jellaz et de Boukornine.

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